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Au pays d’OZ, la Prince’s HWY .. une route mythique !!

mardi 22 février 2011, par Hervé

Un reportage qui nous est envoyé directement d’Australie .. Je vous le livre tel quel, juste après traduction, histoire d’en faire rêver quelques uns ... et quelques unes !!

Notre pote Peter qui est installé chez les Aussies depuis quelques années est un motard émérite responsable d’une chouette revue de tourisme moto : Road Rider. Pour nous il a effectué une fois de plus le trajet Sydney-Melbourne, il s’agit de l’une des routes les plus spectaculaire au monde. Aussi célèbre que la 66 aux US et la 40 en Argentine, cette autoroute, dénommée « des Princes » serpente au gré des collines et des vallées. Il nous raconte.


« Ils ne vont jamais nous croire me dit mon pote Lou, qui m’accompagne dans ce truc, en sortant son APN pour faire une paire de photos sur Harbour Bridge. En principe, tout ce que l’on voit d’habitude de l’Australie c’est du soleil dans les feuilletons TV ? »
C’est pourtant vrai qu’il rince sérieux. En fait cela fait des années qu’ici ils souffrent de la sécheresse, manque de pot, le jour où nous avons choisi de rallier Melbourne par la route .. et à moto .. il pleut à verse. Par chance il fait une douce chaleur quasi tropicale et il me semble découvrir un petit coin de ciel bleu dans le lointain.
« Ne t’en fais pas, je suis persuadé que ceux qui vont nous lire ne passent pas leurs journées scotchés devant leur télé en matant les minettes qui se dorent au soleil, ils roulent .. eux … et par tous les temps ! »
En grommelant … « C’est mal barré pour les clichés !! », Lou range son appareil et nous voilà partis .. 1000 bornes à se taper sous la flotte !

De Sydney pour rejoindre Melbourne il y a plusieurs solutions.

Si vous êtes pressés vous pouvez prendre par les terres à travers les étendues sauvages par l’autoroute « Nowell » ou par la « Hume ». Sur 800 bornes vous ne rencontrerez quasiment personnes sauf des flics et encore des flics qui vous forceront bien à respecter les limitations de vitesse préparez vous à une intense monotonie et emmenez quelques sandwiches cela vous fera passer le temps.
Par contre si vous en avez du temps, n’hésitez pas, prenez « l’autoroute des Princes » qui serpente sur 1000 kilomètres au long de la côte Sud Est de l’Australie. C’est une très belle balade surtout au guidon d’une bonne dévoreuse de kilomètres.

La première fois que j’avais pris cette route c’était en plein hiver, nous étions en side avec celle qui allait devenir mon épouse quelques années plus tard. J’avais cru un instant qu’il y ferait plus chaud que sur la « Hume ». Dans mon idée, j’étais plus près de la mer et bien évidemment il allait y avoir un climat plus tempéré .. Grave erreur .. j’avais juste oublié que j’allais devoir grimper en altitude .. grand moment de tristesse !!
Nous avions quitté Sydney équipés à l’ancienne, jeans, blouson de cuir et casque Jet. Ma copine elle, était dans le side avec un duvet et la bâche de protection. Lorsque nous sommes arrivés à Cobargo, 400 bornes plus loin, je pleurais de froid et je claquais des dents d’une façon incontrôlable, on aurait dit que je jouais des maracas. Je me suis arrêté devant un pub et j’ai essayé de descendre de la moto, je suis resté la jambe raidie, tétanisée de froid, incapable de la plier je me suis retrouvé les quatre fers en l’air. J’ai essayé de me relever, j’en étais incapable, j’étais comme un scarabée retourné et je n’ai plus qu’ une alternative : celle d’appeler à l’aide. Deux gars m’avaient vu arriver et se sont précipités. Ils m’ont porté devant la cheminée et m’ont fait boire une énorme tasse de café .. Cela allait mieux .. tellement mieux qu’il m’a fallu une bonne demi heure pour penser à ma copine qui attendait dans le side, emballée comme dans un cocon .. et totalement incapable d’en sortir seule !!

En ce jour d’été c’est bien différent, même s’il pleut la température est très douce et nous filons plein sud dans un trafic des plus en plus dense .. Il faut dire que Sydney est proche de l’ asphyxie automobile .. Si seulement les gens voulaient tous se mettre à la moto, ils pourraient le faire, le climat s’y prête, cela dégorgerait les villes.
Si vous ne voulez pas suivre tout le temps l’autoroute, vous avez la possibilité de passer par le Royal National Park, le second au point de vue affluence après celui de Yellowstone aux États- Unis. Vous y trouverez de superbes petites routes sinueuses qui vont longer la bordure méridionale des falaises qui surplombent la mer de Tasmanie. Il faut absolument s’arrêter pour regarder le paysage, c’est fabuleux. C’est ici que le pionnier australien de l’aviation Edmund Hargraves fit ses premiers essais. De nos jours le ciel est envahit de parapentes qui survolent cette côte déchiquetée .. enfin d’habitude, car aujourd’hui, avec la flotte qui tombe, ils sont tous restés à la maison.

A moto on s’adapte parfaitement aux circonstances. Sur la double voie qui descend après Wollongong le trafic est assez dense et j’ enroule un peu de câble afin de dépasser sans problèmes et d’échapper aux sillages de fumée des camions chargés de charbon. Passé Nan Tien, le plus grand temple bouddhiste de l’hémisphère sud, c’est un point de vue magnifique sur la plaine côtière, il pleut un peu moins et la balade passe doucement de la corvée au plaisir, ce que j’avais escompté au départ. Le paysage est somptueux avec ses falaises de grès parfaitement verticales qui encadrent des vaches qui paissent tranquillement au milieu des près avec de temps en temps, pour changer, une forêt d’eucalyptus.
Lorsque nous nous sommes arrêtés dans la petite ville touristique de Kiama pour boire un café et grignoter un cake, la route commençait à sécher et le ciel laissait apparaître quelques traces de bleu. Lou avait vraiment envie de tout laissé tomber pour rentrer à Sydney. Mais je me suis mis à hurler .. pas question de se dégonfler, on allait continuer jusqu’à Melbourne .. histoire de fêter cette courageuse décision .. la pluie se remit à tomber !!

Avant l’arrivée de l’homme blanc, la côte sud de la Nouvelle Galles était couverte d’une forêt dense de cèdres et bien évidemment le bois fut la première industrie de l’endroit, triste moralité : tous les cèdres ont disparu. Aujourd’hui, les petites villes bordant l’autoroute vivent de la pêche, des produits laitiers et du tourisme. Comme dans tous les endroits chargés d’histoire on y a construit quelques répliques exagérément truquées des villages de pionniers, comme Mogo, mais heureusement ces ersatz de cités traditionnelles sont compensées par des petits endroits vraiment charmants bien cachés au milieu de collines rocheuses comme Central Tilba. Dans ce bled il y a un excellent pub – l’Hôtel du Dromadaire. Au début c’était un bordel et, faute de clients, il fit faillite. Quand il fut racheté il devint un pub. Sa réputation a couru au delà des limites de la contrée et désormais c’est un établissement incontournable.

Maintenant, sur la route, il y a de moins en moins d’habitations et la faune sauvage reprends ses droits. Les célèbres panneaux qui avertissent que l’on risque de rencontrer des kangourous se font plus fréquents. Nous roulions maintenant au beau milieu de la forêt et petit à petit je prenais conscience que nous traversions l’un des coins les moins peuplé .. d’un continent qui ne l’est déjà pas trop !!

Pour retrouver la civilisation il a fallu que nous atteignons Brega, une ville rendue célèbre par son énorme usine fromagère. Un peu plus au Sud nous somems arrivés à Eden, le fameux port ou arrive la terrible course Sydney – Hobart qui prend fin ici après avoir sillonné la mer de Tasmanie. C’est là qu’arrivent ces fameux voiliers avec leurs coques endommagées, leurs toiles en lambeaux et leurs mâts cassés, mais dont les équipages, pour se remettre, font des fiestas à n’en plus finir.

Juste avant Brega, on passe à coté le l’arrivée d’une autre autoroute qui descend des sommets c’est une véritable Mecque de la moto, on l’appelle la Brown Mountain Road. Les motards la surnomment souvent la « route marron »à cause de l’humus de feuilles humides qui se concentre sur le côté abrité des courbes. J’ai eu l’occasion d’ y voir, il y a quelques années, une démonstration spectaculaire de ce que cela pouvait donner. Un bon pote à moi, Jonathan, me fit un intérieur en descendant. Il eut le malheur de mettre les roues sur la partie souillée et la moto décrocha. La roue avant se redressa vite mais l’arrière entama un large dérapage puis raccrocha soudain, il décolla de la selle, se rattrapa au guidon et la moto partit en shimmy … par miracle elle se remit en ligne. Il avait vraiment failli s’en mettre une d’anthologie. Vous avez peut-être entendu parler de gens tellement choqués qu’ils n’arrivaient même plus à parler, eh bien ce fut le cas. Quand on s’est arrêté le Jonathan il nous faisait le goéland, plus un son ne sortait de son bec, tout ce qu’il pouvait faire était d’ouvrir et fermer la bouche comme un poisson, il était verdâtre.
Depuis ce jour on l’a surnommé « Green Fish » et désormais tout le monde le nomme ainsi, mais peu savent vraiment pourquoi !!

Mais ce n’est pas le seul truc marrant qu’il m’est arrivé ici .. Une autre fois je participais à une balade qui partait d’ Eden. Histoire de rigoler nous avons dérivé de 60 km vers Genoa, jusqu’à la limite du comté de Victoria. Dans cette campagne déserte et sur ces excellentes routes, il était prévisible que certains d’entre nous se laisseraient un peu emporter sur le chemin du retour. J’en faisais partie, je dois l’admettre, et je fus de de ceux qui se firent épingler par un radar. Selon le flic du coin, j’avais roulé à 128 km/h dans une zone limitée à 100, Heureusement il était compréhensif et me rendit mes papiers avec juste un avertissement en m’assurant que la prochaine fois j’y laisserai mon permis .. Sympa !! Mais je n’étais pas le seul à m’être laissé prendre, en fait la quasi intégralité du petit groupe qui avait fait le détour avait été bon pour la prune.. Pour ne pas faire de jaloux, le flic a laissé partir tout le monde, même l’ un d’entre nous qu’il avait pris à 189 km/h. Le gars en question me dit que cela l’avait laissé sur le cul … Cette attitude nous a vraiment paru étrange.
De retour à Sydney nous avons connu la raison de cette mansuétude : Un gendarme qui faisait partie de notre club nous apprit que les brigades des autoroutes avaient organisé une action syndicale ce samedi pour protester contre des changements d’affectation – nous avions vraiment eu la chance d’être pris au contrôle de vitesse ce jour-là !

Aujourd’hui, sur la route qui me ramène vers Genoa, ne voyant pas signe du moindre radar, je me suis fait un petit plaisir en tirant un peu plus que ce qui était permis mais , vu la répression actuelle, cela ne dura guère. Nous nous sommes arrêté à Gipsy Point Lodge pour dîner dans un restau réputé et en profiter pour tomber au passage une paire de canettes d’une excellente bière ‘locale’ provenant d’une petite brasserie à Mirboo North, à 350 km de là … Boire ou conduire vite il faut choisir .. De toute façon maintenant, dans un cas comme dans l’autre on est plus que limité !!

La seule chose qui fait que l’on doit absolument modérer notre vitesse, plus encore que les radars planqués derrière les bosquets, c’est l’apparition régulière de signaux annonçant des kangourous. C’est le crépuscule, l’heure idéale pour ces animaux de se montrer et de venir jouer avec les motards. Il faut un jour s’être retrouvé avec une dizaine de ces sauteurs infatigables qui croisaient la route devant soi pour comprendre ce que cela peut faire si on rentre dans le paquet plein badin !!

La nuit est tombée, il pleut toujours, c’est le moment de faire une halte.

Contrairement à nous, Ian, notre hôte à Gipsy Point Lodge, est super content, pour ses cultures c’était de l’or qui tombait du ciel.
Le lendemain, au moment de repartir il m’annonça : « Quelle chance, nous avons eu 5 millimètres cette nuit, ce n’est pas mal considérant que nous avons eu seulement 10 mm au cours des six derniers mois » et il a fallu que cela tombe au moment où nous passions !!

Il ne pleuvait plus lorsque nous avons rechargé les motos pour repartir. Bien reposés nous avons filé plein ouest par la nationale et enfin avons pu attaquer le « Drummer ».

Le Drummer est une colline de 480 m maximum de hauteur mais qui comporte 50 km de route forestière complètement déserte entre Genoa et le patelin suivant. Sur ce parcours on saute d’un virage à l’autre et c’est un véritable panard. Très peu fréquentée la route n’intéresse guère les cops et sur toute la distance nous n’avons croisé qu’une seule voiture de police dont le chauffeur s’est complètement désintéressé de nous .. il faut dire que le freinage que nous venions de faire en urgence nous avait rétabli à une allure quasi normale !!

Nous sommes arrivés ensuite dans la vallée de Latrobe, toute plate, et dans la traversée de Stratford nous nous sommes arrêtés pour boire un café chez Michael et Donna qui tiennent ici le Wa-de-Lock Cellar Door, une sorte de bar à vin qui ne sert que des produits locaux dont le fameux fromage Maffra, un délice.

Ils sont motards et ils proposent des emplacements de camping gratuits et des aires de parking sécurisé pour ceux qui veulent se rendre aux Grand Prix sur le circuit de Philips Island, qui se trouve juste à coté. Ils servent également le meilleur café de toute la cote Est, c’est une étape incontournable .. Pour ceux qui viendront ici .. ne l’oubliez pas !!

Leur site Internet :
http://www.pleasetakemeto.com/australia/gippsland/wadelock-cellar-door-9116407

Comme pour nous punir pour avoir traînaillé, la pluie s’est remise à tomber … Cela vira rapidement au déluge mais fort heureusement Melbourne était maintenant en vue.

Une fois de plus nous avions fait la liaison. Ce coup ci nous étions trempés mais heureux.

La prochaine fois si vous êtes sympas je vous raconterai Sydney – Adélaïde.

Mais le mieux cela serait quand même que vous veniez faire cela avec nous !!

Peter H.

Trad : Hervé.

Carte de L’Australie :
http://www.monde-du-voyage.com/australie/carte.php


Voir en ligne : Road Rider magazine .. Tourisme moto à la mode australienne !!

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