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Le Tour des côtes françaises .. c’est un joli challenge.

jeudi 26 mai 2011, par Hervé

Vous ne savez pas quoi faire pendant vos congés et vous adorez rouler .. Pourquoi ne pas faire un Tour des côtes françaises .. De Calais à Nice ce sont tout une série de super paysages qui vous attendent .. Et les Pyrénées me direz vous, eh bien les Pyrénées c’est magique .. il n’y a pas la mer mais il nous a semblé l’entendre d’un bout à l’autre ... Une expérience pareille à moto cela doit se faire dans une vie de motard .. suivez nous, nous l’avons faite !!

La mer … qu’on voit danser !!!

Photos : Casper Pedersen

Partir de Calais pour arriver à Nice, c’est ce que font chaque été bon nombre de gens du Nord friands du soleil de la Riviera. En principe ils arpentent, avec force bouchons, les grands rubans traditionnels.
Partir de Calais pour arriver à Nice, c’est ce que j’ai voulu faire en dix jours au cours de ce mois de Juin .. Au guidon de ma fidèle Triumph Tiger j’ai voulu ainsi découvrir la quasi intégralité des côtes françaises.
Une pareille aventure cela se partage avant, pendant et après ..
Avant … en demandant aux copains qui résident sur place de me conseiller pour le choix des plus jolies routes .. merci à eux et en particulier Will pour sa parfaite connaissance de la Bretagne.
Pendant … En invitant un certain nombre de potes à m’accompagner , en l’occurrence nous nous sommes retrouvés une petite douzaine à faire le périple .. ce qui est le plus marrant c’est que j’étais le seul français, les autres éaient britanniques et il y avait même un norvégien !! Les français c’est vrai, connaissent trop bien la France !!
Après .. en faisant partager le voyage à tous ceux qui, un jour, seront tentés par l’expérience., c’est pour cela que je vous invite à me suivre.

Prélude

Tout a commencé ce Samedi de juin sur la plage de Calais. Sous un soleil timide les cabanes avaient un petit air de Deauville et les mouettes se partageaient le reste de ma barquette de frites. Calais, jolie mais morne ville. Le port a été sinistré par le tunnel, tunnel qui a sinistré les actionnaires, qui pour la plupart venaient du port .. juste retour des choses !! Les flics et les clandos se partagent les faubourgs et il semble régner dans le centre comme une étrange atmosphère faite de suspicion et de défiance à l’encontre de tout ce qui est étranger .. hormis pour les anglais qui eux sont comme chez eux .. il faut dire que chaque week-end ils pillent soigneusement les rayons picole des supermarchés locaux.
Calais, départ de notre périple qui allait en une dizaine de jours nous conduire jusqu’à la frontière italienne.
Dimanche matin, il pleuviote .. Toutes les motos sont pimpantes sauf la mienne, il faut dire que je venais de me farcir pas loin de 1200 bornes depuis la maison pour rejoindre l’équipe .. je me consolais en pensant que lorsque nous serions arrivés il m’en resterait moins à faire qu’à mes compagnons de voyage.

Les pleins sont faits, c’est parti pour un Tour …

Première étape : Calais – Hérouville St Clair ( Un peu plus de 400 bornes )

La route qui passe par Sangatte n’est pas des plus moche et de temps en temps on se régale en jouant les montagnes russes au gré de la côte découpée.
Une petite déviation sur le chemin, histoire d’aller voir le fameux cap Gris Nez .. eh bien pour être gris il était gris le nez .. faisait même un temps à pas mettre un nez même gris dehors !! Ensuite cela s’est quelque peu arrangé. Nous avons grignoté dans la Baie de Somme du coté du Crotoy .. Nous avons rencontré pas mal de motards venus essentiellement de la région parisienne et j’avoue avoir été particulièrement impressionné par cet espèce de dingue qui m’est sorti pleine gauche au guidon de sa chinoiserie et qui aurait pu tout aussi bien me faire terminer le voyage à cet endroit !!
Après la Baie nous sommes un peu rentré dans les terres pour éviter les limitations à 50 de la route côtière et la circulation très importante en cette journée dominicale.
Pour rejoindre le Bac de Duclair les routes serpentent au gré des vallons et des cours d’eau.
De Duclair à Lisieux nous avons croisé les boucles de la Seine en traversant le Parc régional de Brotonne, superbe !
Pour grignoter sur le coup de 3 heures de l’après midi nous avons trouvé un bistrot sympa dont la patronne n’a pas hésité à faire ouvrir la boulangerie locale pour trouver du pain .. Merci encore à elle !!
Nous avons évité Cabourg ou Deauville mais ce ne fut pas un mal. La circulation devenait de plus en plus importante lorsque nous nous rapprochâmes de Caen, notre étape prévue .. et là quelle mouche m’a piqué .. voilà pas que j’improvise en coupant à travers bois en suivant les indications de mon GPS .. ce que j’avais oublié c’était la pluie qui tombait de plus en plus fort !!
La route devait être magnifique mais je regardait surtout ma roue avant. Au bout d’une cinquantaine de kilomètres de ce régime nous avons enfin retrouvé l’itinéraire initial .. Non sans mal ni quelque incursion traditionnelle dans la cour d’une ferme .. merci madame Garmin !!
Nous étions trempés comme des soupes lorsque nous avons trouvé l’hôtel .. les motos étaient brunes de boue et autres bricoles rencontrées au long de la route .. j’étais un peu piteux et je m’attendais à force remarque .. Eh bien non, ils étaient tous morts de rire et n’aspiraient qu’à se retrouver douchés autour d’une caisse de bière .. Ce qui est formidable avec les Brittons c’est que quoi qu’il se passe, ils sont toujours contents .. Il y en a , croyez en ma longue expérience, qui devraient en prendre de la graine.
Première étape terminée .. quel sera le temps de demain .. Je préfère ne pas regarder !!

Seconde étape : Hérouville St Clair – Le Mont St Michel ( 350 kilomètres )

Il avait plu toute la nuit mais au matin un franc soleil berçait la campagne normande, merveille !!
Nous avons retrouvé la route côtière histoire de se rappeler qu’il y a une soixantaine d’années bon nombre de gars venus de bien loin ont laissé leur peau pour défendre la liberté, les villages ont des noms qui résonnent comme autant de souvenirs et la halte au mémorial du débarquement s’imposait. De nombreux bus et autres camping-cars nous obligent à force dépassements heureusement facilités par le temps qui se maintient au beau.
Circulation et moult traversées de villages feront que je déciderai d’occulter le tour complet du Cotentin en oubliant La Hague pour aller faire un tour à St Vaast la Hougue, ce charmant port de pèche où nous avons dégusté des moules à la crème comme on n’en trouve que là. Ensuite nous avons croisé au travers du bocage normand sur Coutances et sa superbe cathédrale. Un autre bon moment de détente que ce petit goûter composé d’une tartine de charcutaille accompagnée d’un Muscadet grand cru à laquelle je convierai mes compagnons de route .. la découverte d’une région commence par ses paysages, continue par ses spécialités culinaires et se termine par son terroir. Je me suis souvenu des petites routes que nous faisait arpenter mon père au volant de sa 403 lorsque nous étions en vacances et c’est entre les haies et sous le regard étonné des bovidés en goguette que nous avons gagné Granville puis la superbe route côtière qui mène à Avranches. Dernière halte pour le traditionnel café crème et nous avons découvert la Baie du Mont St Michel en suivant le chemin des écoliers. Au gré des polders avec comme seul objectif ce Mont qui semble si près et pourtant est fort loin nous avons suivi la mer pour enfin découvrir notre objectif à quelques encablures. Installation à l’hôtel puis, après un repas typique avec trou normand obligatoire nous avons repris les machines .. Oh rassurez vous, juste pour faire les deux kilomètres de digue qui allaient nous amener au pied du Mont. La visite du lieu magique, la nuit tombante, fut une véritable découverte pour la plupart d’entre nous. Il n’y avait plus personne dans l’île et nous avons pu nous régaler en arpentant murailles et venelles. Un dernier pot avant la fermeture du dernier troquet et retour à la fraîche à l’hôtel pour une nuit réparatrice .. Superbe étape qui nous confortait dans l’idée que les côtes françaises nous réserveraient à chaque kilomètre d’agréables surprises. Mon anglais s’améliorait au fil des jours, mes anglais, eux, étaient toujours aussi ravis, les machines fonctionnaient bien .. que demander de plus.

Troisième étape : Mont St Michel – Brigognan-plage ( 350 kilomètres )

Bretagne nous voilà !!
Le Mont s’éloigne petit à petit et au passage nous allons saluer St Broladre qui est jumelée avec Neukirchen, la ville où s’est déroulé le grand rassemblement Triumph des Tridays 2007.
Cancale, la pointe du Grouin, la route de la côte et pour finir les faubourgs de St Malo que nous allons éviter pour traverser la Rance sur le barrage de l’usine marémotrice. Un petit moment de culture avec l’explication du fonctionnement de l’usine, je le connaissait bien puisque j’y avait bossé lors de sa mise en œuvre dans mon jeune temps d’élève ingénieur.
Nous avons remonté vers le Nord en suivant la mer pour aller se rincer les yeux vers le magnifique site de la Pointe de l’Arcouest en face de l’île de Bréhat. On en a profité pour faire la halte grignotage sur le port d’embarquement. JJ et Roy sont arrivés juste comme nous finissions le café, il faut dire que depuis le début ils stoppaient tous les 5 kilomètres pour prendre des photos ..
Perros-Guirec, Trégastel, Trébeurden, des noms qui sonnent comme autant d’endroits mythiques dévoués au tourisme de masse qu’heureusement en cette fin du mois de Juin nous n’avions pas encore à redouter. La temps était toujours clément, et même si la température s’avérait un peu frisquette il ne pleuvait pas .. enfin pas trop !!
Nous sommes arrivés à Brigognan dans un site encore préservé des affres de l’urbanisation côtière, quelques petits cottages composent le village au milieu d’une sorte de champs de roches que domine un immense menhir autour duquel tout semble tourner. Le site est somptueux et l’accueil au centre de vacances que nous avions choisi était à l’unisson. Certes, il a fallu que nous fassions nos lits ( pour certains d’entre nous cela n’était pas arrivé depuis notre service militaire !! ) mais le repas qui nous a été servi valait largement le désagrément.. Araignées de mer juste sorties de l’eau, poissons qui le matin encore devait nager dans la baie et ce petit vin blanc véritable bénédiction pour le palais. Nous sommes allés faire un tour sur la plage la nuit tombée et nous avons découvert des milliards de microscopiques crevettes qui l’avaient envahie .. Drôle d’impression que de marcher pieds nus sur ce tapis mouvant .. j’en avait plein le revers du pantalon et avant de me coucher ce fut la chasse dans toute la chambre .. J’ai dormi bercé par le bruit des flots, fenêtre grande ouverte malgré la température un peu fraîche.

Quatrième étape : Brigognan – Ile de Berder ( 300 km )

Nous avons quitté les Chardons Bleus avec un petit pincement au cœur, chacun d’entre nous a épinglé une branche d’immortelle sur sa moto et c’est au milieu de ses odeurs à nulle autre pareilles que nous avons mis le cap sur le Morbihan. L’objectif était d’arriver avant la marée haute car nous devions passer un « gois » ( chaussée submersible à marée haute ) d’une centaine de mètres pour arriver à notre lieu d’hébergement.
Il aurait été impossible de faire le tour de la Bretagne par la côte aussi nous avons du nous résoudre à faire des coupes. De toute façon cette région est tellement belle qu’elle supporte facilement que l’on occulte certains lieux pourtant célèbres, ne serait ce que pour avoir le plaisir d’y revenir. Le temps n’était pas trop de la partie et si la pluie nous avait lâché elle était remplacée par un vent violent qui lui, allait nous accompagner un sacré bout de temps. Je vous passe les routes tortueuses du coté de Landernau, de Sizun , du Faou, le pont de Téréné, le musée de Trégarvan, la montée du Menez-Hom .. Nous avons arpenté une bonne partie de ce véritable paradis à motards … pour peu que le temps soit de la partie. Nous avons traversé des forêts magiques, et pour finir trouvé la crêperie qui va bien au beau milieu de nulle part .. Ah ces crêpes bretonnes, et ce cidre . rien que pour cela il faut y revenir !!
Festival de petites routes pour ensuite rejoindre Scaer puis Lorient puis à travers le Raz d’Etel nous avons retrouvé la côte pour trouver l’île de Berder et son gois .. parfaitement sec .. il venait juste de se dégager .. Nous avions fait une petite erreur dans les dates et aurions largement pu prendre notre temps pour flâner en Bretagne .. Nous nous sommes rattrapés sur l’île et chacun apprécia grandement de poser motos et équipement pour se régaler à faire un peu de marche à pieds en compagnie des goélands. Il ne faisait pas assez chaud pour faire trempette mais le bol d’air fut quand même salutaire. Cette étape somme toute assez courte avait été la bienvenue car les organismes commençaient à quelque peu souffrir .. et nous n’en étions qu’au tiers du voyage !!
La nuit en haut de la tour de Berder, je vous recommande. Le chant du vent dans les pins, le bruit de la mer qui s’écrase sur les rochers et .. en fait je n’ai guère pu apprécier tout cela une fois allongé j’étais endormi .. Il faut dire que j’avais donné des consignes, demain matin il fallait avoir passé le gois avant 7 heures 15 car sinon nous serions bloqués jusqu’à l’après midi .. Nous avions pu le constater en fin de journée, dès que l’eau passe par dessus la jetée il est hors de question de passer tellement le courant est violent .. Alors demain debout 6h30, on décolle à 7 heures !!!

Étape 5 : Berder – Château d’Olonne ( 300 km environ )

Une histoire de Gois

Il était 7h 10 lorsque mon pote JJ est venu cogner à ma porte .. je n’avais pas entendu le réveil … Le temps de sauter dans mes bottes et j’enfourchais le Tigre pour dégager au plus vite .. l’eau était à deux centimètres de passer le gois lorsque j’ai franchi la passe sous les applaudissements de la foule en délire … Stop pour la photo, toilette rapide à l’eau de mer .. et en route pour de nouvelles aventures .. entre Berder et Vannes j’avoue ne pas avoir vu grand chose tellement j’étais dans le pâté .. ce n’est qu’au troisième café croissant que j’ai enfin décollé .. Il paraît que quand nous sommes partis il tombait un vilain crachin .. même pas vu !!
Enfin réveillé je les ai conduit dans un coin que j’aime particulièrement, la presqu’île du Croisic et les marais salants de Guérande .. même quand le temps est bouché cet endroit ne me lasse jamais, les couleurs y sont stupéfiantes et les odeurs incomparables. Nous avons bu un pot au Pouliguen et suivi le boulevard de la Mer pour rejoindre Pornichet. Le pont de St Nazaire nous attendait .. On a failli ne pas pouvoir y passer tellement le vent était violent.
St Brevin, Bourgneuf, le marais de Beauvoir et le gois de Noirmoutier .. envahi par les eaux .. Pour aller sur l’île il allait falloir que nous fassions le tour par le pont ..
Noirmoutier n’est plus ce qu’elle était. Les plantation anarchiques de patates font que l’agriculture se résume à une monoculture .. succès oblige. De l’autre coté de l’île les petites maisons blanches et bleues qui se détachaient sur la lande se retrouvent au sein de lotissements … de petites maisons blanches et bleues … Nous avons très bien mangé sur le port mais j’avais perdu l’ambiance du Noirmoutier de mes 20 ans !! Pour rentrer sur le continent faisant fi du kilométrage excédentaire nous avons pris le gois .. grand moment .. le Gois de Noirmoutier, en bécane, juste au moment où il se dégage et avec 40 nœuds de vent .. je vous recommande. Nous nous sommes arrêtés au beau milieu pour prendre des photos, il fallait tenir les machines pour ne pas qu’elles tombent ..
Pour retrouver les Sables d’Olonne nous avons bêtement suivi la côte et arpenté la superbe forêt d’Olonne dont on se demande comment elle peut bien résister aux affres de l’urbanisation !!
Le Roc St Jean c’est quasiment en face du Puit d’Enfer .. superbe vue sur le golfe et premières loges en cas de tempête .. ce qui s’est bien sûr produit au cours de la nuit … Une nuit d’enfer comme je les aime !! A savoir ce que demain va nous réserver .. Quand sur le coup de trois heures du mat j’ai vu et entendu ce qu’il tombait pour moi il n’y avait pas photo, demain je ne bougerai pas d’ici !!

Étape 6 : Château d’Olonne – Seignosse le Penon ( 490 kilomètres !! )

Départ de bonne heure car la route était longue. Par chance le temps avait viré avec les premières heures du jour et le vent violent avait chassé les nuages noirs, certes il en restait bien quelques uns et nous nous doutions bien que nous ne passerions pas la journée sans prendre une petite rincée mais c’était moins pire que ce que j’avais pressenti.
En fait un petit problème nous a alors affecté. Le frein arrière de John avait décidé de jouer relâche, une plaquette était en train d’allègrement entamer le disque. Il fallait absolument passer dans une concession pas question de continuer comme cela. Le groupe se scinda en deux parties, la première sous la conduite d’Alan et Andréa allait suivre le road book et j’allais m’occuper de la maintenance en conduisant un second petit groupe par la Rochelle ou le concessionnaire Triumph que nous avions contacté nous attendait à l’ouverture pour remédier à la panne. Pas de problèmes pour arriver jusqu’à la cité rebelle, ni même pour résoudre le problème. La réparation fut effectuée en temps et en heure avec une parfaite compétence .. adresse à recommander !! Une fois tout terminé il fallait maintenant arriver rapidement pour passer le Bac de Dinan car sinon c’était la galère assurée avec une attente de près de deux heures. D’après le boss de la concess. il fallait une heure et demi pour y arriver, en fait cela se fait en tout juste une heure, en oubliant bien sûr que notre permis est de temps en temps en sursis, coup de pot RAS sur la route. C’est promis nous ne le referons plus !! .. Nous sommes arrivés au Bac sous une petite pluie fine, je vous l’avais bien dit qu’il vaserait dans la journée … Le bac parlons en, il y avait un vent à décorner toutes les vaches de la région et nous avons passé la traversée accrochés à nos motos qui se dandinaient sur leurs béquilles .. Homérique !! Une demi-heure après nous avions passé l’estuaire de la Gironde, les Landes nous tendaient les bras, le vent était tombé comme par miracle et le soleil brillait de nouveau !!
De temps en temps je prenais par SMS des nouvelles du second groupe qui apparemment batifolait tout au long de la route des vignobles. Dégustations et photos aidant ils n’arrivèrent à Blaye pour passer le bac que sur le coup de 15 heures, histoire de rater le dernier régulier de l’après midi .. et d’attendre une paire d’heures le prochain !! Nous verrons plus loin que cela a eu un peu d’importance !!
En ce qui nous concerne nous avons sillonné la Route des lacs qui nous a fait découvrir ces superbes paysages entre forêts et plans d’eau, des paysages contrastés où la dune nous sépare de la mer. De magnifiques bois de pins où les maisons aux toits plats sont autant de havres de paix, des lignes droites à n’en plus finir et cette odeur de résine portée par la brise qui allait jusqu’à nous enivrer … Au passage nous avons fait goûter des huîtres à notre pote John qui, à la seconde a profondément regretté de nous avoir écouté lorsqu’on lui a bien recommandé de les mâcher avant de les avaler .. Avec Adrian nous eurent cure de ses écœurements et nous nous sommes allègrement tapés une bonne douzaine chacun .. Comme quoi tous les goûts sont dans la nature !! Nous avons ensuite gagné le pays landais cela commençait à sentir le sud et les noms de villages fleuraient bon le soleil et le sable chaud. La Teste de Buch, Biscarosse, Parentis, Mimizan, Vieux Boucau c’était tout le grand sud-ouest qui nous accueillait. A sept heures du soir nous étions à Seignosse, au pied de la dune à siroter une bière.
En ce qui concerne les autres ils ont traversé Blaye à 5 heures, traîné vers Arcachon ou ils ont grignoté sur le coup de 9 heures du soir .. et sont arrivés à Seignosse sur le coup de minuit .. cela faisait une paire d’heures que je les attendais et j’avoue que je commençais sérieusement à ma faire du mouron .. Enfin tout le monde était là et tout était bien qui finissait bien !!
Nous allions quitter la mer pour 3 jours .. Pyrénées on arrive !!

Étape 7 : Seignosse – Luz St Sauveur ( 270 kilomètres )

Les Pyrénées c’est magique, les routes s’enfilent à une allure plus que déraisonnable et les gens sont d’une extrême gentillesse. Le pays basque c’est magique aussi, les paysages sorte de melting-pot de végétation hésitent entre les espèces qui apprécient l’air marin et celles qui prospèrent à la brise montagnarde. Les villages ont tous des airs de fête et il s’avère souvent que l’on trouve une petite départementale hors des sentiers battus qui va vous faire grimper un col et vous perdre au beau milieu de troupeaux. Telle cette D17 après St Jean Pied de Port qui va vous conduire au gré des cols et des vallées jusqu’à Tardets. L’étape est difficilement racontable il faut la vivre et surtout la vivre comme nous l’avons faite sous un grand et beau soleil et une chaleur qui n’était pas torride. Nous y avons rencontré des bergers cachés sous leur béret basque, des motards en goguette qui prennent les grands axes pour des circuits de GP, des vaches et des chevaux qui batifolent sur la route, des moutons au sortir d’un virage, des rivières et qui chantent des frontons qui résonnent. Nous avons sillonné des routes mythiques qui attirent le cycliste comme le GR attirent les randonneurs. A chaque halte nous avons découvert ce que pouvait être le vrai plaisir de la vie. Le petit café de St Jean, le repas improvisé sur la place du village de Tardets, en pleine fête votive, le goûter sur le bord de la rivière .. Pyrénées je vous aime et je ne suis pas prêt de vous laisser sans m’y voir.
Un peu avant Luz St Sauveur la moto d’Adrian bougeait à chaque virage, il n’en eu cure et continua jusqu’au bout .. A l’arrivée le pneu portait quelques bouloches de gomme, je mis cela sur le compte de l’attaque du garçon qui n’est pas ce que l’on peut appeler un manche quand il s’agit de mettre gros gaz .. le lendemain j’allais déchanter mais cela sera une autre histoire !!
A Luz nous avons pu apprécier à la fois l’hôtel mais également la cuisine du patron .. autre grande étape dans le style gastronomie … Le soir nous nous sommes endormis au bruit de la cascade, c’était toujours de l’eau mais cela changeait de la mer !!

Étape 8 : Luz St Sauveur – Font Romeu ( 360 km )

Au départ de Luz l’étape s’annonçait fabuleuse, le temps était de la partie et j’allais pouvoir enfin apprécier à sa juste valeur le superbe paysage qu’offre la montée du Tourmalet sous le soleil. Cela faisait quatre fois que je passais ce col et jamais je n’avais eu la chance de le faire sous un ciel clément. A chaque fois j’avais rejoué un remake de « Nuit et brouillard », je m’en réjouissais d’avance .. C’était sans compter sur l’adversité ..
L’adversité elle se présenta sous la forme plutôt affligeante du pneu de Adrian complètement à plat au moment de partir .. Voilà la vraie raison de bouloches de la veille .. Pas de bombe anti-crevaison à l’horizon, rien pour réparer, nous étions Dimanche cela s’annonçait mal .. Le patron de l’hôtel avait bien un compresseur à nous prêter mais combien de temps le pneu allait il tenir .. et il y avait encore les 2/3 des Pyrénées à se taper !!
J’ai laissé tout le petit monde à la porte de l’hôtel et dans mon mauvais anglais je leur ai déclaré que j’allais au village chercher « une bombe » apparemment j’ai cru qu’ils m’avaient compris, la suite prouva que non !!
Je vous passe la boulangère à qui j’ai raconté mon histoire, le droguiste tabac seul ouvert en ce jour dominical qui m’envoya chez le motard du village .. en l’occurrence le curé .. Je ne vous raconte pas le garage du curé ou il n’y avait pas plus de bombe que d’hostie dans une mosquée, le café à la turque qu’il a fallu que je m’enfile. Je vous passe le groupe de motards que j’ai retrouvé dans un gîte perdu au fond du village, l’attente pour voir revenir le seul gars qui risquait d’avoir le produit tant espéré, le second café tassé qu’il m’a fallu ingurgiter ( j’en étais à une bassine depuis le matin !! ) la course dans le pré pour rejoindre le gars qui herborisait dans la montagne, le retour au pas de charge en comparant les vertus des Triumph et des Ducati .. avec un Ducatiste convaincu que tout ce qui n’était pas de Noale était de la merde .. le troisième café en arrivant, la fouille des sacoches du gars .. et enfin l’apparition de la bombe bénie .. Je suis descendu plein pot pour retrouver mes gugusses, fus stoppé par le curé qui a absolument voulu que je reboive un café qu’il avait accompagné d’une petite goutte ….. pour la route qu’il a dit .. comme si j’avais besoin de cela .. enfin voilà que j’arrive devant l’hôtel .. Plus personne. J’ai fait trois fois le tour de l’établissement, enfin j’ai trouvé une ancillaire qui m’a signifié que tout le petit monde était reparti après avoir regonflé le pneu .. les c… ils n’avaient rien pigé à ce que j’allais chercher et ils croyaient que j’étais parti .. Le Tourmalet je l’ai grimpé façon GP, deux membres de l’équipe, au bord de la route en train de prendre des photos, m’ont vu passer comme un avion, j’étais au moins tranquille, sûr que tout le monde était devant. J’ai passé le col à bloc, même pas eu le temps de prendre un cliché ni de me délecter du paysage et j’ai entamé la descente au taquet persuadé qu’à chaque virage j’allais découvrir la ST en vrac ou plus simplement arrêtée au bord de la route avec le pneu out .. en bas du col un troupeau bloquait la route .. et ma ST attendait sagement .. J’ai planté le frein arrière, intimé à Adrian de stopper et j’ai sorti la bombe miracle .. deux minutes après tout était revenu dans l’ordre et j’ai signifié au Britton que je ne voulais plus le voir stopper avant au moins vingt bornes .. Il a dégagé sans demander son reste .. Pour ma part j’avais failli crever d’un arrêt cardiaque consécutif à la quantité de café que j’avais du ingurgiter en si peu de temps, loupé encore une fois le Tourmalet, m’étais fait une paire de chaleurs en montant, avait failli couper en deux un frapadingue en vélo qui descendait plein pot en pleine gauche et pendant l’espace d’une petite heure était passé pour le dernier des crétins face à des anglais persuadé que je les avais laissé tomber .. Put.. de bombe c’est bien la dernière fois que je pars sans en emmener une. Quand j’ai raconté tout cela au groupe reformé du coté de Bagnères de Luchon, avec mon anglais de contrebande, ils étaient tous morts de rire .. Il a même fallu que je le raconte une seconde fois .. et la suite je ne vous raconte pas .. Moralité pour tout le monde je suis devenu Hervé « the bumb » !! Et cela vous fait rire .. va falloir que je leur explique ce que c’est qu’une bumb en France !! La suite de l’étape nous l’avons passé en Espagne, en oscillant au gré des cols et des vallées, passant de 2300 m à 500 en moins de temps qu’il faut que pour le dévaler … Il faisait une chaleur torride et de Pas en Port et de villages en villages nous avons gagné Font Romeu pour une halte chèrement gagnée. Nous avions fait l’une des plus belles étapes de notre périple, avec un virage au mètre, une étape comme je les aime plus que tout où tu peux apprécier les capacités de ta machine en éprouvant un immense plaisir. Seul bémol, c’était Dimanche et tout était fermé même pas eu le temps d’acheter des clopes .. Oui je sais, « fumar puede matar » mais il faut bien mourir de quelque chose !!
A Font Romeu chez le pote Jean Paul j’ai passé une heure dans le spa à me remettre de mes émotions, les autres étaient encore à rigoler de l’histoire de la bombe en avalant force bières … Demain serait un autre jour, j’allais avant de partir m’assurer que tous les pneus seraient bien gonflés !!

Étape 9 : Font Romeu – Aigues Mortes ( 300 bornes )

Avant de partir encore une petite séance de spa .. le confort absolu !!
Le soleil frappait le four d’Odeillo et la journée, même si il y avait une petite brise, semblait prendre une allure des plus sympa.
Nous avions décidé de faire une petite variante au road-book afin de faire visite à Nick, un bon pote anglais qui demeure près de Lézignan et qui est en voie de reconstruction vu le volume à bécane qui s’est mis en Septembre dernier …
Fi donc de la descente sur Villeneuve de Conflent nous allions filer par la haute vallée de l’Aude et les châteaux cathares .. Personne n’y perdrait au change.
Le bord de la route était couvert de lupins multicolores et les odeurs étaient assez extraordinaires .. En fait tout s’est bien passé jusqu’au moment où nous sommes descendus dans la vallée .. en dessous de 1000 mètres c’était la purée de pois absolue !!
Il faisait un froid de canard lorsque nous avons traversé la vallée de Gesse et les gorges de Pierre Lys et cela a duré jusqu’à Quillan .. ensuite le vent s’est levé et c’est avec lui que nous sommes arrivés chez nos amis anglais installés depuis longtemps dans le sud de France .. Il ont choisi un drole de coin où le vent souffle 300 jours par an .. vous me direz ici, personne ne sent le moisi !!
Barbecue improvisé .. merci Lorna .. et échange de bons souvenirs .. nous avions prévu de rester une petite heure, quand nous sommes repartis il était 5 heures de l’après midi …
Encore du changement dans le RB .. On va éluder la côte Narbonnaise et directement filer sur Sète .. C’était sans compter sur la conjonction entre un début de vacances, la sortie du bureau, une route déviée à cause d’un accident et le blocage quotidien de la ville par l’ouverture des ponts … moralité nous nous sommes tapés un embouteillage d’anthologie pour rejoindre la ville du bon Georges …
Nous avons quand même pris le temps de boire un pot sur le port en se garant comme des sauvages au mépris de tous les panneaux et autres interdictions .. tout cela au grand dam de certains de nos amis qui se voyaient déjà avec des menottes .. Ne vous en faites pas les gars, nous sommes dans le Sud .. et ici c’est quand même plus cool qu’ailleurs.
De là ce fut facile de gagner Aigues Mortes en suivant la côte et en évitant les grands axes .. à 8 heures du soir nous étions à l’hôtel, il faisait un temps de Mars … Y’a plus de saison !!

Étape 10 : Aigues Mortes – Nice ( 380 kilomètres )

Il était venu le dernier jour de notre périple.
Chacun s’étonnait de la fantastique diversité des paysages que nous avions pu découvrir depuis notre départ de Calais et de la beauté des côtes françaises qui ne parviennent pas à décevoir même lorsque le temps n’est pas de la partie.
Nous sommes tout d’abord allés faire un petit tour dans la cité de Constance car il n’était pas question de quitter la vile de St Louis sans la visiter. Bizarre, l’entrée est désormais à péage mais nous avons trouvé la parade et avons pu rouler entre les remparts sans problème ni bourse délier .. Il faut dire qu’il était 9 heures du mat et que les commerçants commençaient à installer leurs étals. De là cap sur la Camargue et son lot de flamands, chevaux et autres taureaux sauvages. Grand moment toutefois juste un peu gâché par ce maudit vent qui ne nous lâchait pas. Après la visite des Saintes Maries de la Mer nous avons repiqué vers les terres pour rejoindre Arles puis Les Beaux de Provence. J’avais décidé que cette étape serait la plus riche possible en contrastes. Nous avons ensuite suivi un moment la Durance canalisée pour ensuite repiquer par le Lubéron, les villages de Provence et la montagne de Lure sur la superbe Riviera qui devait être l’apothéose de notre voyage.
Le premier incendie de l’été en a décidé autrement. Oh non pas parce qu’il nous a gêné dans notre progression .. ( Nous ne sommes pas passé très près de cette catastrophe, mais cela a permis à tout le petit monde d’apprécier le jeu mortel auquel se livre les abrutis qui mettent le feu et les braves types qui, tant à pied qu’avec leurs avions chargés d’eau jusqu’à la gueule, risquent leur peau pour l’éteindre ) .. mais parce que la fumée portée par le vent à quelque peu gâchée les photos du magnifique contraste entre les bleus de la mer et du ciel et le rouge des falaises de l’Estérel. Un bon paquet de routes ayant été déviées conséquemment au feu la circulation aux environs de Cannes était démentielle nous avons donc quitté le rivage pour rejoindre le terme de notre voyage en passant par les terres. Grasse et Tourettes sur Loup nous ont enchanté une dernière fois et le soleil était tombé depuis pas mal de temps lorsque nous sommes arrivés à l’hôtel. Fourbus mais les yeux encore ébahis par ces superbes paysages du haut pays niçois.
Le dernier repas fut d’anthologie, et ce fut une dernière soirée à se remémorer à la fois tant les épisodes fameux que les décors de ceux-ci. Tout le monde parlait comme si demain cela allait continuer, nous n’avions encore pas conscience que notre aventure était terminée.

On rentre à la maison …

Je suis reparti de Nice avec un peu de nostalgie. Certes j’étais ravi de rentrer à la maison car cela faisait quand même quatorze jours que j’en était parti mais le plaisir que j’avais pris avec ce groupe de gens super sympa m’avait largement récompensé de mes efforts. Ce raid, j’en rêvais depuis longtemps et nous avions réussi à le mettre sur pied. Il n’y avait eu que deux incidents somme toute mineurs tout au long de la balade et je suis certain que dans les mémoires des participants il fera date.

Lorsque je suis arrivé à la maison le Tigre avait 5600 km de plus. J’avais accumulé un maximum de bons souvenirs et surtout, en un peu plus qu’une semaine, retrouvé la quasi intégralité des paysages de mon enfance !!

Faire le tour par la côte .. Y’a pas à dire c’est vraiment le top .. si vous en avez l’occasion .. essayez !!

Note : Je vous ai mis le road book en port folio .. Attention, compte tenu du fait que je faisais cela avec des sujets de la glorieuse majesté il est en anglais et en miles ... ( sachez qu’un mile est égal à 1,609 km )

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