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Raid des Cent Cols 2008, la seconde édition

jeudi 11 mars 2010, par Hervé

Le raid des 100 « autres » cols 2008

D’Issoire à Issoire, en une semaine, 100 cols, 7 étapes, 2500 km parcourus !!

Crédit photo : Annick et Michel Goy

Nous avions faits en 2006 la première édition du raid des 100 cols qui nous avait conduit d’Alsace au Massif Central en passant par les Vosges, le Jura, les Alpes et les Cévennes. Pour cette nouvelle édition nous avons décidé de partir d’Auvergne pour y revenir une semaine après en ayant traversé le Massif Central, la montagne Noire et surtout en ayant parcouru une grande partie des cols mythiques pyrénéens. Une quinzaine de machines au départ, le même nombre à l’arrivée .. par contre je ne vous dis pas l’état des pneumatiques !!

Samedi 6 septembre

Sur le parking de l’hôtel Pariou à Issoire, il y avait comme une sorte d’appréhension parmi la vingtaine de participants. Chacun avait soigneusement étudié la météo de la semaine et il était bien évident que nous allions jouer au chat et à la souris avec les intempéries. Petit briefing sur le parcours et l’étape du lendemain, contrôle technique des motos, pot de bienvenue … Chacun partit se coucher avec l’envie d’en découdre avec le parcours que nous avaient concocté les organisateurs .. « Copieux » je leur avait dit , pour la majorité qui me connaissait ils savaient ce que cela allait vouloir dire !!

Dimanche 7 septembre
Issoire – Millau : 345 km – 23 cols

Comment arriver à faire passer 23 cols sur une aussi courte distance .. Eh bien c’est simple, repérez sur la carte tout ce qui est tortueux, avec du dénivelé et qui serpente au gré des collines et vallons …Pour peu que les passages soient répertoriés dans l’annuaire des cols français .. vous aurez votre compte !!
Cette première étape a commencé par sillonner les petites routes d’Auvergne au gré des forêts de hêtres et de chênes . Au fur et à mesure que nous gagnions en altitude le vent était de plus en plus présent mais la température ambiante était suffisamment clément pour ne pas que nous en souffrions trop. Au gré des villages avec leurs maisons en pierre et leurs burons typiques nous avons pu allier tourisme ( rapide ) et plaisir non contenu malgré le fait que nous étions Dimanche et que force bagnoles étaient là pour nous aider à nous souvenir que la route n’était pas réservée à nous seuls. Nous avons bien été quelquefois à friser la correctionnelle car pour le monde paysan le dimanche n’existe pas et quelques tracteurs et autres engins agricoles avaient décidé d’emprunter le même itinéraire. Routes de campagne implique obligatoirement un revêtement des plus changeant et il ne fut pas rare de constater au fur et à mesure de nos arrêts que les bras subissaient les affres de nos efforts, j’avoue quand même qu’au guidon de mon Adventure j’étais assez privilégié !! Quelques villages fortifiés plus loin et après un repas sustentateur nous sommes arrivés sous le viaduc de Millau, chef d’œuvre de la technologie et source de maintes polémiques largement oubliées depuis l’intérêt touristique que présente désormais pour la région cet ouvrage exceptionnel. En fin d’après midi nous avons fait halte au Château de Creissel à Millau ou nous avons pu admirer la superbe lumière du soir sur le viaduc précédemment cité et le vol des parapentes qui semblaient comme d’étranges oiseaux près à saluer nos efforts de la journée.
La première étape étaient bouclée, les participants avaient eu une petite idée de ce qui allait les attendre au long de cette semaine !!

Lundi 8 septembre
Millau – Nages : 420 km- 19 cols

Départ aux premières heures de la matinée pour une des étapes marathon de cette balade : plus de 400 bornes de virages au gré du Massif central en passant par les Cévennes, un terrain de chasse que je connaissais bien !!
Nous avons quitté Millau par la route qui grimpait sur le causse Noir en adirant au passage le soleil qui se découvrait vers le viaduc. Après la petite halte qui convenait pour admirer l’enchevêtrement de rocher de Montpellier le Vieux nous avons traversé les forêts de pins et les étendues désertiques qui allaient nous mener en bordure du canyon qui plongeait vers Nant, une vallée fort malheureusement complètement envahie par la brume. Petite halte café bienvenue à Nant chez le copain du bar des Claux sur la superbe place du village car on supportait allègrement les chaussettes, il ne faisait guère que 6 ° au thermomètre. Après cette pause réparatrice ce fut reparti pour une balade dans la Cévenne profonde. Alzon et son tunnel, les méandres de la 199 puis le chemin de chèvre qui nous conduisit sur Aumessas, Arrigas puis Mars, ce noms de village qui sonnent comme les volets des maisons accrochées sur la roche claquent au vent d’autan. Nous avons pris le chemin de la Ronde cévenols pour, par le col de la Luzette et ses champs de genêts arriver au Mont Aigoual. Il était déjà bien avancé dans la matinée et nous avons du nous résoudre à quelque peu écourter l’itinéraire car nous étions attendus pour grignoter à St Hippolyte du Fort. Une fois le café terminé nous avons repris la route direction le cirque de Navacelles, une véritable découverte magique pour certains d’entre nous. Ensuite la descente sur Lodève puis un petit point sur le kilométrage restant à parcourir .. Il fallait encore faire près de 90 km, les routes étaient somptueusement revêtues, à l’arrivée à Nages il y en avait qui avaient les pneus bien chauds. Le coucher de soleil sur le lac du Laouzas, en plein milieu des monts de Lacaune, encore un sacré moment de bonheur.

Mardi 9 septembre
Nages – Luz St Sauveur : 410 km – 17 cols

Partir de Nages sous le soleil pour arpenter la Montagne Noire aux faux airs de Jura au gré de départementales désertes c’était déjà une merveille, mais se retrouver nez à nez avec un chevreuil qui batifolait, absolument pas effrayé par nos machines et qui a sagement attendu que les premiers passent pour enfin traverser, là c’était l’un des grands moments de ce raid .. et quand on dit que le motardus vulgaris n’est pas poète !! Au fil des lacs et des causses nous avons atteint les contreforts des Pyrénées. La surprise que nous avions réservé à nos participants c’était la traversée de la grotte du Mas D’Azil que la route perfore de part en part. Certains d’entre nous, impressionnés, l’ont faite plusieurs fois. A l’occasion d’un de ces retours impromptu nous avons rencontré un copain de Sabarat qui nous a convié au restaurant. Une assiette ariégeoise plus loin et c’était reparti pour une autre partie de manivelle. Le premier grand col pyrénéen fut le Portet d’Aspet pour enchaîner par le col de Mendé. De là nous avons fait une première incursion en Espagne pour rejoindre le territoire français par le col du Portillon et ses fameuses épingles où j’ai pu tester les capacités d’inclinaison de l’Adventure au grand étonnement de ceux qui me suivaient. Petite sortie dans les Pyrénées inconnues pour visiter le village d’Aspin et enfin le moment d’altitude de ce raid avec le passage du Tourmalet à plus de 2000 m. Certains ont eu la malchance de le passer dans la brume mais pour une petite équipe ce fut le grand soleil et la découvert d’un paysage à couper le souffle. Nous sommes arrivés à Luz St Sauveur, le soleil était couché depuis longtemps mais les souvenirs de cette étape fabuleuse ont entretenu jusqu’à tard dans la soirée les conversations autour de quelques petits verres d’Izarra .. Il fallait bien se préparer pour la grande étape basque du lendemain !!

Mercredi 10 septembre
Luz St Sauveur – Mauléon : 285 km - 15 cols

L’étape la plus courte du raid n’allait pas être la plus tranquille. Nous entrions dans le pays basque et il fallait s’attendre à quelques moments d’anthologie. Au gré des paysages bucoliques, des prés et des troupeaux d’animaux en totale liberté nous nous sommes dirigés vers le col de Marie Blanque faisant fi des indications qui indiquaient que la route était fermée .. A savoir si bien ou mal nous en a pris car en effet une fois arrivée au top il nous fut impossible de passer la route étant en réfection .. Bonne occasion pour redescendre sur un revêtement en parfait état et sans risque de rencontrer qui que ce soit de téméraire en face !!
Une petite improvisation plus tard et la traversée de la vallée d’Aspe en prime en nous voilà retrouver le road book pour revenir en Espagne par le col de la Pierre St Martin. Au passage nous avons eu quelques démêlés avec un teuton allumé en turbo diesel qui n’avait pas apprécié que les premiers le doublent. Les beignes avaient failli voler bas mais le temps était bien trop propice à la sérénité pour que nous nous abaissions à envisager la troisième guerre mondiale !! Le col était lui aussi en travaux mais nous n’en fîmes que fi et, heure du déjeuner aidant nous pûmes passer. Ravitaillement en Essence à prix réduit obligé, il faut dire que pour certain d’entre nous nous en étions à envisager la poussette, nous avons trouvé le restau qui décoiffe à un prix défiant toute concurrence .. bienheureux espagnols !! Je vous fais grâce des routes au revêtement parfait, des vautours qui attendent perchés sur les barrières de sécurité, des épingles à cheveux qui semblent ne plus se terminer et nous revoilà en France pour entamer la dernière partie de l’étape. Surprise encore que ce petit col au nom imprononçable dont l’accès se réduit à une route de moins de 2m de large et dont la descente n’est qu’un immense toboggan au beau milieu d’une minuscule vallée. Nous avons un peu jardiné et comme la nuit se faisait proche nous avons coupé au GPS pour rejoindre la capitale de l’espadrille et du béret basque. Les derniers sont arrivés vers 21 h, .. je leur avait bien dit que l’étape serait courte !!

Jeudi 11 septembre.
Mauléon – Auterive : 290 km - 8 cols

Il fallait bien une étape de transition dans ce 100 cols ne serait ce que pour rejoindre le Massif Central au sortir des Pyrénées ce fut celle là. Au gré des bastides et des halles à bestiaux, au milieu des champs de maïs et en arpentant des routes vallonnées et des petits cols qui n’avaient que la définition première de comparable avec ceux que nous avions grimpés auparavant, au fil des montées et des descentes dans un immense panel de verdure nous avons rejoint Auterive. La fin de l’étape nous a permis d’enfiler les combinaisons de pluie car cela a soudainement délugé sévère .. La manufacture d’Auterive dans son décor pur 18ème siècle nous accueillait .. On avait prévu de manger dehors le délicieux cassoulet que nous avait concocté notre hôtesse .. Vu ce qui tombait nous nous sommes résignés à souper dans la grande salle à manger du castel là même où l’empereur Napoléon III avait été reçu en grande pompe .. Excusez du peu !!

Vendredi 12 septembre.
Auterive – Mur de Barrez : 340 km – 11 cols

Ce fut l’étape du tourisme rapide, des cols quasi inconnus, des reconnaissances de rallye, des routes envahies de feuilles mortes et de boue et des surprises .. en bref une véritable partie de plaisir !! Nous sommes partis sous un ciel de plomb qui petit à petit se dégageait dans la direction où nous allions. Lorsque nous avons trouvé le Rouergue et ses petits chemins secrets ce fut un grand moment de solitude pour certains d’entre nous, il faut dire que pour suivre le road book sans GPS c’était une véritable partie de plaisir. Les Ponts et Chaussées locaux devaient avoir un surplus de gravillons dont ils nous ont fait largement profité et si personne ne s’est mis au tas dans cette étape c’est qu’il y avait un bon Dieu dans le coin !! Repas de midi et tripoux obligés à Sauveterre de Rouergue puis visite de l’atelier d’un artisan coutelier en prime et nous avons repris le chemin de l’Aveyron. Après une petite incursion hors de la route prévue pour aller jeter un œil à Belcastel la bien nommée nous avons attaqué un col découvert par hasard lors de nos reconnaissances qui allait nous faire déboucher sur Conques en dominant toute la vallée. Cerise sur le gâteau nous sommes sortis de ce chemin de chèvres en empruntant un pont romain .. Il y a des moments ou on se demande vraiment comment nous avions fait pour trouver ces routes !! A Conques nous avons rencontré .. des geishas .. oui je sais cela ne s’invente pas !! Comme la majorité d’entre nous roulait en européennes elles ne nous ont guère prêté attention … juste histoire de faire une photo pour montrer à leurs copines !! Nous avons été plus vite que la pluie pour rejoindre la superbe auberge de Barrez qui restera pour beaucoup comme le meilleur endroit d’accueil de tout le raid tant au point de vue cuisine que confort. Pour certains cela allait être, impératifs professionnels obligent, la dernière étape du voyage. Pour les autres restait à rejoindre le point de départ sans problème, le temps prévu demain et les pneumatiques de quelques motos étant à l’agonie, j’avoue ne pas avoir très bien dormi cette nuit là malgré la qualité du plumard !!

Samedi 13 septembre
Mur de Barrez – Issoire : 300 km – 17 cols

D’entrée cela a fait fort. Il faisait juste beau et les rayons de soleil perçaient à travers les hêtres pour la grimpette du col de Peyrebale. Les chasseurs à l’affût furent sacrément surpris de voir cette troupe de furieux débouler sur leur terrain, il faut dire que le routier était plus propice à la machine d’enduro qu’à la routière pure et dure. 25 km de plaisir visuel et de torture physique plus loin et nous nous sommes précipités sur les combardes de pluie car cela menaçait grave.
Il fallait bien que dans le raid nous ayons une journée de flotte eh bien ce fut la dernière. Les routes devenaient de plus en plus piégeuses au fur et à mesure que l’on s’enfonçait dans l’Auvergne profonde et fort sagement j’ai conseillé à la majorité de se limiter les dégâts en empruntant un itinéraire un peu plus direct. Certains n’en eurent cure et firent le road book en entier, je ne vous dis pas dans l’état dans lequel ils sont arrivés. 8000 litres d’eau plus tard et après être passés par Clermont ou Moto Plus 63 nous avais attendu pour effectuer les différents contrôles de fin de raid et éventuellement changer quelques consommables nous sommes enfin revenus au Pariou à Issoire. J’avoue qu’une fois que toutes les bécanes furent rangées sur le parking et que j’ai eu reçu les deux SMS de ceux qui nous avaient quitté le matin et qui étaient bien rentrés chez eux, j’ai pu enfin respirer par le nez et me taper un petit coup de blanc.

Le Raid des 100 autres cols était terminé, aucun problème n’avait été à signaler, j’avais eu de la chance que tous les participants soient de sacrés bons pilotes. En 2006 j’avais dit que je ne le referais plus jamais, en 2008 c’était vraiment trop de bonheur aussi ais-je décidé de faire une nouvelle édition dans 2 ans, encore plus beau et plus tortueux avec des étapes aussi difficiles mais aussi merveilleuses.
Ne serait-ce que pour satisfaire la demande des participants valeureux de cette édition 2008 je ne peux que leur donner rendez-vous en juin 2010 pour « Le raid des 100 « nouveaux » cols ».

- Merci à Moto Plus 63 à Aubières ( 63 ) pour leur accueil et leur disponibilité.
Merci à tous les hôteliers qui ont joué le jeu du repas régional gastronomique.
Merci à tous les participants pour leur bonne humeur et la convivialité qui a régné tout au long de ce raid.
Merci à KTM France http://www.ktm.fr qui a mis à ma disposition un modèle Adventure 990 pour effectuer ce raid et par la même occasion effectuer un essai longue durée de ce modèle que vous trouverez sur le site du Repaire des Motards www.lerepairedesmotards.com
Merci au site du Repaire pour sa confiance dans notre réalisation et la publicité accordée à cette aventure.

Et un grand bravo aux passagères qui ont supporté sans broncher les folies de mon road-book.

NdR :

Vous remarquerez que la comptabilité de ce 100 cols est absolument exacte .. eh bien c’est le fait du hasard. Lorsque nous avons effectué les reconnaissances nous avions compté 111 cols, les diverses variations du road book et les coupes que nous avons fait ont changé ce nombre pour qu’il soit effectivement de 100 cols passés en une semaine.. quel heureux présage pour la future édition.
Pour ceux qui seraient curieux de découvrir les Cols de France nous ne pouvons que leur recommander la lecture du Chauvot, notre ouvrage de référence, une lecture certes un peu rébarbative mais oh combien précise : http://www.centcols.org/la_boutique/chauvot/chauvot.htm


Voir en ligne : Le Chauvot, ouvrage de référence.

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