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UN POIREAU EN MOTONEIGE…

dimanche 16 janvier 2011, par Ecureuil blanc

Première expérience pour Fabrice à moto neige ..
Il nous raconte son aventure au Québec à l’occasion de la balade MEB 2011 !!

Enfin….des années que j’attendais ça….découvrir le Canada en motoneige (33000 km de pistes rien qu’au Québec, ça ouvre des possibilités…)…jusque là, ce voyage, j’en rêvais sans jamais le concrétiser puis Hervé, un pote « journaliste – épicurien – motard » me propose de participer avec une fine équipe à un trip d’une semaine au Canada : connaissant le bonhomme et sa philosophie du voyage à moto, je saute sur l’occaz, ça s’annonce grandiose !

En arrivant sur Montréal, à travers les hublots de l’avion, première surprise : où est la neige ?????
Mince, en décembre, c’était autrement plus enneigé dans l’Est de la France et même sur Paris, le monde à l’envers !!! On n’y avait pas pensé mais aller au boulot en motoneige à Paris en décembre, ça aurait eu de la gueule !

Mais revenons à nos oursons canadiens ; à l’aéroport, rencontre avec notre guide, Patrick, après l’avoir harcelé par mail et au téléphone pour obtenir de nombreux conseils et infos (je suis un anxieux !), on met enfin un visage sur une voix, la légende québécoise perdure : un gars abordable, sympa…qui nous met à l’aise instantanément et a déjà prévu un plan B pour trouver l’or blanc tant recherché !

Nous quittons Montréal rapidement et filons en direction du Nord pour récupérer dès le lendemain matin nos « monstres » et notre équipement « spécial grand Froid » ; mais avant cela, dîner savoureux et nuit dans un superbe chalet en bois… je m’endors avec mes rêves de grands espaces et mes questions qui tournent en boucle (je vous ai dit, je suis un inquiet de nature !) : ai-je apporté les tenues adéquates pour ce froid inconnu dans nos contrées (paraît qu’il fait chaud en ce moment : -10°C, -15°C…quand même !), serais-je capable de maîtriser ce drôle d’engin à moteur juché sur des skis… ?

J’ai adoré tous les copains / collègues de Paris qui avant de partir minimisaient les températures hivernales canadiennes : « t’inquiète, là-bas, c’est un froid sec ! » Ca m’a bien fait rire les conseils de ces « apprentis Nicolas Vanier » qui s’affolent dès les premières températures négatives tout en pestant sur les routes enneigées contre la DDE…

Enfin le réveil sonne, on va être fixé !

Arrivé sur place, après avoir avalé un solide petit déjeuner canadien, on se retrouve tous dans le magasin pour récupérer tout d’abord nos tenues : putain, là c’est du sérieux, les combinaisons, les bottes, les gants, la cagoule et le casque (avec visière chauffante SVP : indispensable pour les porteurs de lunettes, si on veut éviter le givre sur les verres…). Même si je rigole avec mes nouveaux potes de ces tenues de cosmonautes (conçues pour résister à -50°C !), je commence à être rassuré…ça va le faire côté protection au froid !

Puis on s’approche enfin de la Bête : un Bombardier, LA marque de motoneige, quasi neuf, doté d’un nouveau moteur Rotax de 600CC 2 temps avec injection électronique et une puissance annoncée de 120Ch pour à peine 200 kg : imaginez une 600 Sport bourrée de technologie sur des skis !

Le 2 temps : LE moteur de moto qui m’a donné envie de passer mon permis dans les années 90, rhaaaaaa je me rappelle les vocalises du Suzuki RG 500 à travers ces 4 pots de détente ou encore des mécanos du HRC chauffant le Honda 500 GP de Mick Doohan à grands coups de gaz avant chaque séance d’essai à Magny-Cours en 1993…mais je m’égare…
Car ce moteur n’a rien à voir avec nos « cylindres à trous » de l’époque : il ne pue pas le ricin à des kilomètres, consomme très peu d’huile et les nuages à l’accélération ne sont provoqués que par la neige soulevée lors du déplacement de l’engin…
Messieurs les constructeurs de motos, à quand ce moteur fabuleux sur la route ?

Après les vérifications d’usage, les conseils de prudence de Patrick (faut suivre…c’est notre guide, je vous ai dit !), on est prêt à en découdre euh pardon à se balader gentiment…

1er coup de gaz, via une gâchette (comme en quad) chauffante (ils pensent à tout les canadiens !), on se dirige vers un lac gelé et 1er arrêt : j’interroge notre guide, sur les lacs…l’air de rien…la solidité de la glace…sa vérification….il me rassure (un peu !) en nous expliquant que chaque club local de motoneige vérifie tout un secteur qui lui est attribué et valide ou pas l’ouverture du « trail (chemin) » à la circulation des motoneiges via des piquets de balisage. Ouf, on peut y aller !

Nous voilà donc gâchette à fond sur ce 1er lac gelé…GAAAZ…le compteur monte 80 – 100…perso je n’irais pas au dessus : un peu paralysé par l’avertissement au magasin de location : « faîtes gaffe les gars sur les lacs, c’est gelé, il y a peu de neige en ce moment, vous pourriez partir comme un rien en tête à queue puis en tonneau si la chenille perd l’adhérence… » gloops…
Du coup, penaud, me voilà doublé par l’ensemble du groupe !

Mes premières impressions sont mitigées : ça vibre, ça bouge dans tous les sens de l’avant, de l’arrière…n’ayant aucune expérience en moto TT ou en quad je suis déstabilisé et même déçu car en plus, ça ne tourne pas !
Vous savez en moto, une petite impulsion sur le guidon (le miracle du contre-braquage) et hop on plonge à la corde sans effort…et bien en motoneige, pour tourner, il va falloir se cracher dans les pognes : pour faire simple, faut déhancher pour donner le maximum de poids dans l’intérieur du virage et pousser comme un bûcheron sur le guidon ! Vous vous dites, « pffff facile ! », sauf que je vous parle là d’une technique à appliquer dans chaque virage, sur une journée complète et 250 km en moyenne dans des chemins larges et bosselés comme des GR (chemins de randonnées en France) ! Heureusement, ça ne tourne pas comme en Corse mais quand même ! Ca reste physique !

Il faut aussi s’habituer à la sensation d’instabilité de ces drôles d’engins car quelle que soit la vitesse, les skis à l’avant cherchent leurs traces et sont donc constamment en mouvement (j’ai aussi oublié de vous dire que je ne fais plus de skis depuis 30 ans, handicap supplémentaire !) ; quant à la chenille elle s’efforce de trouver en permanence la meilleure adhérence possible entre glace et neige ! Mais miracle, en fait ça tient ! Le ski doo ne part pas en sucette et suit la trace…

Parlons de l’accélération….ça tient en 3 mots : tout simplement jouissif !
Ca pousse comme un avion de chasse (0 à 100 km/h en 4 s et plus de 170 km/h au compteur à fond pour les fans de chiffres !), vous tire les bras dans le hurlement caractéristique du 2 temps ; ça rend accro… on en veut toujours plus mais filer à plus de 100 km/h entre les sapins…ça à de quoi intimider…
J’ai oublié de vous parler des freins car même si c’est pour les lopettes, une petite information rapide sur ce sujet me paraît nécessaire : pour faire simple, y en a pas !
Je nuance mes propos : le frein moteur est quand même important et permet d’obtenir un ralentissement conséquent si nécessaire avec en complément un frein au guidon sur la poignée gauche qui agit directement sur la chenille. Je vous laisse imaginer un freinage d’urgence sur la glace en tirant comme un mort de faim sur ce frein…oubliez… si vous ne faîtes pas partie de l’équipe de Rémy Julienne…

Après toutes ces considérations techniques, j’avoue avoir eu du mal à me lâcher complètement comme mes copains de balade, ça doit être l’âge…en vieillissant on devient raisonnable sauf que avec mes quarante ans j’étais le plus jeune juste derrière le minot du groupe, à peine 22 ans mais déjà un sacré coup de gâchette !
Honte suprême le dernier jour, quand le doyen du groupe à plus de 60 ans, au lieu de regarder « des chiffres et des lettres » à la télé au coin du feu avec un chat ronronnant sur ses genoux comme tout retraité qui se respecte, m’a doublé à plus de 160 km/h dans un bruit strident caractéristique d’un 2 temps à pleine charge sur un lac gelé avec un sourire « Joe Bar Teamesque » qui voulait dire : je vais tous vous pourrir !

Une fois l’égo mis de côté en ayant fait une croix sur le titre de « Lorenzo des neiges 2011 »…je me suis concentré sur le P-L-A-I-S-I-R tout simplement, frissonnant au rythme de l’accélération démoniaque de mon engin, reculant le plus loin possible le moment où j’allais lâcher la gâchette, affinant mes trajectoires dans les virages tel un skieur émérite (hum !), traçant la route sur des chemins vierges de tout passage (quel pied, de passer en « primo – ouvreur » sur une piste !), essayant d’éviter sans trop de frayeur les pièges rencontrés : trous, pierres, souches d’arbres sous la neige, affaissement de terrain…les autres motoneigistes éventuels et les fameux camions de bois (jusqu’à 170 tonnes !) sur les grandes routes…une véritable aventure que la motoneige au Québec !

Et L’ESSENTIEL : profitez encore et toujours de ces paysages extraordinaires, sauvages, sapins enneigés, bouleaux couverts de givre formant des sculptures naturelles, ponts en bois surplombant des rivières glacées offrant un spectacle irréel, barrages hydroélectriques perdus au milieu de nulle part…et toujours cette sensation enivrante d’être seuls dans cette immensité glacée.

Seuls ? Non…pas tout à fait…il existe des hébergements perdus dans la forêt canadienne, à des centaines de kilomètres du premier village qu’on appelle des « pourvoiries » : des auberges confortables pour faire reposer pilotes et destriers…
Vraiment hallucinant, de déboucher sur ces hôtels perdus aux noms exotiques (Kanawata, les 100 lacs…) à la tombée de la nuit où on se retrouve tous à discuter autour d’une bonne bière avec les proprios comme si on se connaissait depuis 10 ans (l’effet Québec !) avant d’affronter des repas gargantuesques à base de viande et de pommes de terre : la nourriture faiblement caloriques ne semble pas faire partie du paysage québécois, question de climat sans doute !... Bien repus, il était temps ensuite de profiter de chambres bien chauffées et douillettes à souhait ! Vive les groupes électrogènes !

Bien sûr, vous vous doutez que les téléphones portables, connexion internet ou autres outils indispensables à notre survie dans notre monde moderne ne fonctionnent pas ici. Seul élément technologique incontournable pour assurer la sécurité du groupe : le téléphone satellitaire portable !

Une anecdote qui restera à jamais gravée dans ma mémoire : lors de notre passage à la pourvoirie du barrage Gouin (Nord-est du Québec) nous avons pu approcher et donner à manger à une famille de renards ! Quel moment incroyable que de pouvoir les approcher et les contempler toute la soirée à l’envie, essayant de ne pas perdre une miette de ce spectacle de la vie sauvage animale.

Je ne sais pas si le froid et la neige ont des effets hallucinogènes mais j’ai bien cru voir, lors de notre périple, des écureuils blancs se faufiler entre nos motoneiges. Fier de mon observation, j’ai voulu la partager avec mes compères de route et nos nouveaux amis canadiens, j’ai bien fait rire tout le monde…et non les écureuils ne sont pas des caméléons même au Canada…

Tout au long de ces 5 jours pleins de motoneige et du millier de kilomètres parcourus, j’ai vécu une aventure hors du temps avec une bande de copains, rencontré des personnages pittoresques, très loin du monde moderne où tout est organisé, planifié, standardisé…chiant oserais-je dire…dans un pays où la nature est encore préservée, reine, sauvage à souhait.
Si les grands espaces vous attirent, que le 2 temps vous inspire (y a aussi des 4 temps, je vous rassure !) et que vous êtes en manque d’adrénaline, alors foncez au Québec, vous ne serez pas déçu !

Fabrice Renard ( l’écureuil blanc !! )
Quand je pense que vous vous êtes moqués de moi tout le séjour .. Voir en port folio !!


Voir en ligne : Aventure 3000 : Raid aventure à moto-neige au Québec.

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