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Une petite page d’histoire.

A un chasse-mouches près !!

jeudi 24 mars 2011, par Hervé

Nous sommes en septembre 1824, Louis XVIII meurt et c’est Charles X, comte d’Artois, qui lui succède. Après avoir été 25 années dans l’émigration, celui-ci a une foi renforcée dans les principes, sacrés à ses yeux, de la monarchie de l’Ancien Régime. Autour de lui, il a un réseau de proches partageant les mêmes idées dont Joseph de Villèle dont il ne tardera pas à faire son ministre premier.

Charles X désapprouve le parlementarisme, il favorise le rôle de l’Église dans la société. Dans son discours du trône, le roi va évoquer la nécessité de « fermer les dernières plaies de la Révolution » et de « réparer les derniers malheurs de mes peuples ».

Villèle, lui, pour ne point être en reste, montre son attachement aux principes de l’Ancien Régime en favorisant le retour de l’intervention de l’Église dans la société.

Par l’intermédiaire de Monseigneur Frayssinous qui représente l’Église au gouvernement, une loi est votée en 1825 favorisant l’établissement de communautés religieuses et punissant de la peine de mort le sacrilège. Villèle qui ne voulait quand même pas arriver à une telle récession, fit en sorte que les peines soient plus légères en amendant le texte initial. Bien heureusement cette loi ne sera jamais véritablement appliquée mais elle n’alla pas sans réveiller dans la population une certaine défiance en ce qui concernait toutes les causes religieuses.

Villèle va connaître quelques difficultés dans l’application de sa politique d’Ancien Régime. Il tenta de faire adopter une loi dite « du droit d’aînesse » qui, en cas d’héritage, favorisait l’aîné en lui attribuant une part supplémentaire. Ce projet allait à l’encontre de l’égalité des droits proclamée par la Charte et visait à maintenir les grandes propriétés foncières qui tendaient à de plus en plus se morceler et donc empêchait une plus grande prospérité de la France.

En 1827, il eu bien voulu faire passer une loi sur la presse dans laquelle il voulait obliger les journaux politiques à déposer leurs articles cinq jours à l’avance et augmenter les droits de timbre, les taxes postales et les amendes. Toutefois la loi fut tant amendée qu’elle en fut totalement dénaturée.

Dans le domaine de la politique étrangère Villèle reste prudent pourtant il engagea sans aucune hésitation la France dans le soutien à la Grèce dans sa lutte pour son indépendance contre l’Empire Ottoman.

C’était un peu trop pour beaucoup. Dans un contexte de funérailles de libéraux célèbres, l’impopularité envers le ministère Villèle augmente. Certaines obséques prennent même la tournure de manifestations anti-gouvernementales comme celle du philanthrope La Roche Foucauld en 1827. La garde nationale, passée en revue par le roi, cria même : « À bas les Ministres ! », « À bas Villèle ! ».

Charles X mesure alors l’impopularité de son ministre au sein de la petite et moyenne bourgeoisie. De plus le roi était à court de trésorerie et la colère du peuple parisien menaçait. L’immense pactole que constituait la fortune du Dey d’Alger qui ne se privait point de la montrer ne fut pas sans attirer sa convoitise. Il fallait couper l’herbe sous le pied de quelques aventuriers qui eux aussi avaient senti l’odeur de la monnaie.

Le « bon » Villèle dans un entretien privé soumis au roi l’idée que s’emparer de ce trésor pouvait ainsi représenter un objectif majeur pour le royaume, il pourrait ainsi renflouer les caisses et faire remonter l’opinion publique .... Cela ne pouvait pas se faire sans motif, il fallait un prétexte pour envoyer les hostilités, l’affaire dite de l’éventail tomba à point.

Pierre Deval , né à Pera les Constantinople en 1758, avait été nommé consul général de France en 1816. Ce parvenu, joueur et dont certains n’hésitaient pas à évoquer certains penchants pervers avait une longue expérience des pays musulmans, parlait couramment le turc et l’arabe mais était unanimement considéré dans les ports méditerranéens comme un faquin sans scrupules qu’on pouvait à bon droit suspecter des pires exactions et des plus petits détournements.
Deval, à force de manipulations et autres arrosages, avait réussi à se faire délivrer la mission de régler les créances Bacri (fournitures aux armées d’Italie et d’Egypte pour les campagnes d’Egypte et de Syrie en 1798-1799) et d’obtenir un traité confirmant la reprise de possession par la France de ses établissements en Algérie. Il avait de surcroit été nommé Consul de France à Alger, comme quoi à cette époque on nommait consul absolument n’importe qui, heureusement cela a changé !!

Revenons en à notre histoire.

Ce fut cet imprudent de pacha Hussein Dey qui, se disputant en turc avec lui, sans témoins ni interprète, encore pour une sombre histoire de pognon, en fut le déclencheur.
En effet, sur les seules dires du sieur Deval, il outrageât le royaume français en collant dans la poire de son représentant, le 29 avril 1827, trois coups de chasse-mouches.

Il n’en fallu pas plus, cet affront à la France va causer le départ de Pierre Deval et des français et cela sera le casus belli qui provoquera le blocus maritime d’Alger par la marine royale française en 1827 . Charles X, bien conseillé par Villèle, ne laissa pas passer l’occasion pour monter une expédition punitive sur les côtes algériennes.

Cette opération militaire devait lui permettre de détourner l’attention de l’opinion publique face aux difficultés intérieures, et accessoirement de se débarrasser des pirates barbaresques qui infestaient la mer Méditerranée depuis trois siècles et dont un des repaires était justement le port d’Alger.

Toutefois il est important de rappeler que la côte barbaresque (nom donné jadis au Maghreb et à la Libye) était particulièrement riche en corail, que l’arrière-pays exportait de la cire, des cuirs, de la laine et surtout des grains …. Qui a dit que c’est cela qui serait, avec les quatre sous que le Dey avait placé du coté de la vieille Europe, considéré comme l’origine première du conflit ?

On ne peut bien évidemment remettre les choses dans le contexte actuel, mais on s’aperçoit souvent, en consultant les manuels, que l’histoire n’est qu’un éternel recommencement

Bibliographie : Wikipedia