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Essai longue durée : KTM 790 Adventure

samedi 8 juin 2019, par Hervé

Essai longue durée KTM 790 Adventure 2019

Orange .. oh plein d’espoir !!

Pour notre « Balade des Cent cols » de 2018 j’avais taxé un Duke 790 à KTM France et cela avait été le panard intégral. J’avais enfin trouvé une brelle qui me faisait bander, un roadster à l’ancienne avec la technologie d’aujourd’hui. En la leur rendant j’avais signifié à Fabien le boss de la com chez les « orange » que ce qui serait le top cela serait de voir ce berlingue d’enfer dans une partie cycle à caractère trail mais en gardant un poids puissance au top. Il m’a laissé partir avec un petit sourire, je comprends maintenant pourquoi.
Me voici donc à la veille de notre départ en Sardaigne au guidon de la 790 Adventure, j’en avais révè et KTM l’a fait !!

On la mate ?

Sympathique la gazelle aux yeux de mouche, il est vrai qu’elle semble minuscule à coté des géantes surmotorisées qui peuplent nos routes aujourd’hui. Je pose le cul dessus et de suite je suis agréablement surpris par le fait de pouvoir poser les deux petons par terre, il faut dire que chez Katoche ils me connaissent bien et avant que j’arrive ils avaient mis la selle en position mini mais quand même, d’habitude je flottais d’un coté et effleurait du peton de l’autre, risquant de m’en coller une à chaque arrêt impromptu, là c’est du solide, pas besoin de jouer les équilibristes, le top. Autre machin qui m’enchante la latérale .. non seulement au tableau de bord on t’indique qu’elle est encore en place, mais tu la vois bien inclinée, bien positionnée et facile à manipuler .. mais c’est presque qu’ils m’écouteraient à Mattinghoffen !!

Je redescend pour regarder un peu mieux l’outil … Pour un joli trail, c’est un joli trail .. même la déco n’est pas trop pétardante, elle dessine encore mieux la bécane. Il y a quand même un bémol … vue de face un dirait un hamster qui se fait mettre par une mante religieuse, la cause de cette union improbable, les deux bajoues noires situées de part et d’autre. Lorsque j’en fais la remarque le responsable technique commence par se marrer puis ensuite il m’assure que ces excroissances sont des plus utiles .. en fait ce sont les deux réservoirs supplémentaires qui vont assurer à la brelle les 450 km d’autonomie que se doit de revendiquer un trail routier de nos jours. Mais contrairement aux japoniais ou aux teutons qui ont augmenté la capacité de leurs réservoirs principaux l’ajout de ces deux appendices sis au niveau du berlingue va sur la 790 Adventure non seulement abaisser le centre de gravité une fois qu’ils sont pleins mais également largement limiter le balourd une fois que le contenu sera à moitié .. pas con le truc .. d’autant moins con que cela vient directement de la brelle qui met tout le monde au pas sur les "rallye raid" depuis pas mal d’années …

Autre petit avantage de ce déplacement de liquide, la position de conduite et à fortiori l’écartement des guiboles … Sur un trail à large réservoir tu te retrouves perché avec les cuisses façon grand mère en train d’éplucher les patates. Là c’est le tapis rouge au festival de Cannes, les guitares bien tendues tu gagnes au moins 5 cm ce qui est super quand tu as le béret qui sent les pieds.
Avec les 20 litres de benzine tu vas pouvoir faire plus de 450 bornes ce qui représente largement la capacité moyenne d’encaissement du derche de motard moyen.

Le berlingue, lui, c’est le même que celui de la Duke, mais il a perdu 10 bourriques au passage passant de 105 à 95 ch toutefois au profit d’un meilleur couple en bas, la brelle reprend donc ainsi à 2500 tours sans coup férir ni tam tam intempestif au niveau des roubignolles. Comme tous pleins faits et avant le repas de midi la 790 Adventure pèse juste un peu plus de 207 kg, le rapport poids puissance en fait l’un des trails aventurier le mieux placé sur le marché.

Bon, on y va ?

Bien assis sur la selle qui pourtant a des allures de planche à pain mais qui va se révéler à l’usage relativement confortable on se sent de suite bien sur cet engin. Le large guidon tombe parfaitement et les leviers sont d’une douceur incroyable. La position est naturelle et on peut facilement changer d’allure, passant d’un coté tourisme mondain à un coté baston féroce juste en reculant le cul de quelques centimètres.

Alors on se décide ?

Contact à la clé .. impec, c’est à l’ancienne avec le trousseau porté autour du cou pour éviter de la chercher dans les multiples poches. Son et lumière au programme. Le large tableau de bord comporte la quasi totalité des informations dont on a besoin et même celles dont on se contre fout et rappelle également les options que l’on aura eu le soin, pour peu que l’on ait été reçu à bac plus 5, de sélectionner à partir d’une platine sur le commodo de gauche : différents mode de conduite, de réglages d’ABS, contrôle de traction, Bluetooth … j’ai cherché le moment ou la brelle allait demander à passer au Karcher .. pas trouvé .. comme quoi, dans le technologie actuelle il y a des manques. Pour le reste tout y est. Il y a même un régulateur de vitesse qui vous évitera de passer par la cas « donne tes points » lorsque tu vas oublier de regarder le compteur. Le zinzin change même de couleur et de contraste lorsque la luminosité s’atténue, c’est vous dire !!

En voiture Simone …

Peut pas m’en empêcher, lorsque je quitte St Priest, sur le bout d’autoroute qui va me conduire à Vienne, faut que je fasse le malin au milieu de la circulation .. Eh bien là, faut voir comment elle se balade bien la petite Adventure malgré l’option « valises - pizza » dont on l’a affublée pour partir en voyage. Je suis obligé de baisser la tête car la bulle est un peu basse mais dès que j’ai pu jouer avec la poignée de droite, c’est dans un feulement assez impressionnant pour une cylindrée aussi modeste que je me retrouvé à flirter avec la case prison et même au-delà !! Lorsque j’ai longé le Rhône je me suis trouvé confronté à un très fort vent latéral et tout comme en Sardaigne où je me suis retrouvé dans la même situation mais avec la moto bien chargée, jamais celle ci ne s’ est engagée dans le moindre louvoiement. Les vibrations du bicylindre bercent agréablement les castagnettes et de l’avis de ma passagère ne sont pas du tout désagréables !! Moralité, avec la 790 Adventure on peut sans problème envisager une longue étape autoroutière sans que l’on risque la crise de nerfs, sauf quand on va y laisser une bonne partie de son papier rose.

Bon, on a bien rigolé sur le grand ruban mais dès les premiers kilomètres et au gré des nids de poules qui ornent de plus en plus nos routes on s’aperçoit que c’est quand même sur ce terrain là que la moto est à même de s’exprimer pleinement. J’aime beaucoup les Pirelli Scorpion qui la chaussent, non seulement pour leur dessin, bien plus routier que trail, mais également pour ce comportement vraiment sain quelles que soient les circonstances.
Pour avoir, durant près de 3000 bornes poussé la brelle jusque dans ses derniers retranchements je peux vous assurer que c’est un sacré bon engin de route, je n’ai guère mis les roues ailleurs que sur l’asphalte aussi je me limite à cette conclusion. La mise sur l’angle est d’une totale évidence et je suis en mesure d’affirmer que si on cherche à faire racler les cale-pieds la case « par-terre » n’est vraiment pas très loin. On en oublie facilement que l’on a affaire à un trail. La fourche absorbe tous les défauts de la route et l’ensemble de la machine se révèle très neutre, les suspentes jouant avec trous et bosses sans jamais perturber la trajectoire de la moto. La boite est remarquable de précision et le shifter bien utile dès que cela commence à envoyer grave assure et vous débarrasse de la corvée embrayage. Très facilement on en arrive à jouer avec son corps comme s’il s’agissait d’un roadster. Déplacement de l’assise, genou sur le réservoir, appui sur le cale pied intérieur, le ballet des virolos s’enchaîne sans faux pas. J’en connais au moins deux, sur la fameuse SS125 en Sardaigne, qui n’ont toujours pas compris comment cela se pouvait qu’un livreur de pizza les suive sans aucun problème et pourtant, croyez moi, ils étaient autrement motorisés !!

Et pour s’arrêter ?

L’ensemble avant est particulièrement efficace avec un très bon feeling et une puissance redoutable, l’arrière, lui, est un super ralentisseur en entrée de courbe et assure l’assise de la moto. Les uns comme l’autre n’ont jamais pêché par manque d’endurance, le fait est à signaler. L’ABS Bosch dernière génération est au top et on remarque sur les options qu’il peut s’adapter à un usage en TT et même se déconnecter. Il est aussi avec la fonction virage comme les autres machines de la gamme. Pour stopper les moins de 200 kg de la moto tous pleins fait cela est amplement suffisant.

Et si on parlait de confort, voire même de passager ?

La galette qui sert de selle n’a d’inconfortable que son apparence, au point de vue confort, elle se révèle très acceptable même lors de longues étapes. Le large guidon facilite la conduite et contribue à ce que le driver prenne une position naturelle, c’est d’autant plus agréable qu’il est facile de l’adapter tant à ses envies qu’à son état de fatigue simplement en bougeant son assise. La capacité d’avaler des bornes est inhérent à cette machine, qui fait ainsi la pige à d’autres bien plus motorisées, la preuve, il m’est arrivé de faire plus de 300 km d’une seule traite sans ressentir la grosse lassitude obligeant à un arrêt prolongé.

Si vous embarquez votre complice elle va apprécier les repose pieds bien étagés et les deux poignées de maintien qui sont loin d’être symboliques. Pour peu que vous usiez et même abusiez du shifter les secousses resterons succinctes.

Il faut toutefois noter que la notion de confort est largement accentuée par l’exceptionnelle légèreté, l’équilibre et et la maniabilité de la machine. Facile à conduire la moto l’est particulièrement en solo et elle le reste sans aucun problème en duo.

Pratique

La moto m’a été confiée équipée « grand raid » avec valises et top-case autorisant une belle capacité de chargement. Même si la valise de droite va perdre de sa charge à cause de l’emplacement dévolu au passage de l’échappement l’ensemble, sans permettre un déménagement, va vous inviter à prendre autre chose que trois slips et deux paires de chaussettes, vous pourrez même mettre casques et blouson à l’abri pour effectuer les visites à pieds. Les systèmes de fermeture sont bien pensés et le décrochage peut être un peu trop aisé, faites gaffe au bon verrouillage de l’ensemble. Au dessus du tableau de bord on remarque une très pratique prise de courant 12 V dont on regrette juste que le couvercle ne soit pas un tantinet plus profond pour ainsi pouvoir se refermer une fois qu’on a enfiché une prise pour USB dedans. Un emplacement pour GPS est prévu sous la bulle. Avec un peu d’aide ou une petite marche bien placée on arrive facilement à graisser la chaîne en basculant la moto sur la béquille latérale sans risquer de la foutre par terre. Au point de vue indications au tableau de bord il y a de la lecture, la 790 Adventure à tout d’une grande. Avec les traditionnels compteur digital et compte tour à led on y trouve l’heure, la température extérieure, le rapport engagé et les options de conduite choisies. On trouve aussi, si on est arrivé à programmer le zinzin, deux kilométrages partiels et la distance qu’il reste à parcourir avant de pousser. Cette dernière est bien pratique car la jauge à essence ne va baisser qu’une fois la moitié du plein dépensé, position des réservoirs oblige … il faut s’y faire et cela peut conduire à quelques surprises.
On appréciera également de très efficaces protège-mains ( testés en Sardaigne avec les herbes folles du bord de route et quelques ronces mal venues ) on note également les leviers réglables selon les mimines et si vous êtes joueur vous pouvez sortir les glingues et régler la bulle en hauteur.

Conclusion

Il y avait un bail que je n’avais pas fait une balade aussi longue au guidon d’un trail de moyenne cylindrée. Il est vrai qu’actuellement dès que l’on envisage d’aller traîner ses roues au delà du premier troquet la solution prisée par les trois quart de la planète motard est de faire les emplettes chez les teutons d’un panzer bicylindre. Là, avec la 790 Adventure on opte pour la facilité, la légèreté, le demi tour dans un mouchoir de poche, le béquillage sans souci malgré la forte pente, le débéquillage sans souci malgré la forte pente, le stop qui n’est plus contraignant, la manœuvre moteur stoppé qui ne réclame plus trois mois de body building, le passage entre les files qui ne confère plus au hasard .. et comme en plus on a la puissance toujours exploitable et une consommation ridicule ce dernier produit de Mattinghoffen est vraiment le genre d’engin qui donne envie de parcourir le monde sans se faire de soucis. D’ aucuns regretteront un léger manque de puissance mais croyez moi, pour arriver à déjà exploiter pleinement les 95 bourriques de la bestiole il faut sérieusement se cracher dans les pognes. Certes l’image KTM est souvent associée à un baston généralisé, mais là n’importe quel quidam qui souhaite avoir une moto originale et qui mêle agréablement l’atypique au pratique va pouvoir se régaler.
Je ne peux qu’inviter celui qui serait tenté à aller l’essayer et à la comparer aux autres dans le même créneau et même supérieur .. et croyez moi, j’en suis persuadé, il en ressortira surpris !!
Au point de vue pognon, on est dans la norme japoniaise ou teutonne, que ce soit à poil où avec les options.

Points forts :
Poids plume, Maniabilité, Tenue de parquet, Facilité de conduite, Confort, Duo, Assistances électroniques toutes paramétrables, Beaucoup d’options possibles.

Points faibles :
C’est au goût de chacun.

Fiche technique :

Châssis :
Cadre : Cadre en acier avec moteur porteur
Réservoir : 20 litres
Hauteur de selle : 830 ou 850 mm selon réglage
Empattement : 1509 mm
Poids à sec : 189 kg ... mouillé : 207

Train avant :
Fourche inversée Ø 43 mm, déb : 200 mm
2 disques Ø 320 mm, étriers radiaux 4 pistons
Roue AV : 90 / 90 - 21"

Transmission :
Boite à 6 rapports
Transmission secondaire par chaîne

Train arrière :
Mono-amortisseur, déb : 200 mm
1 disque Ø 260 mm, étrier 2 pistons
Roue AR : 150 / 70 - 18"

Moteur :
Bicylindre en ligne, 4 temps à injection
Refroidissement : liquide
799 cc (88 x 65.7 mm)
95 ch à 8000 tr/min
Couple : 9 mkg à 6600 tr/min

Texte : Hervé Descamps
Photos : Mikael Milliet


Voir en ligne : KTM Ready to race

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