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En être ou ne pas en être ?

mercredi 23 mai 2012, par Guido

Vaut-il mieux suivre les courses à la télé ou mater la piste à travers les mailles d’un grillage ? Cette année, je me suis rendu au Grand Prix de France, histoire de trancher la question façon rillettes.

Il va sans dire que la grand messe du slider coûte un peu plus cher que la redevance télé. La ville du Mans doit être plutôt accueillante quand il ne tombe pas de la flotte par tonne. J’ai donc préféré l’hôtel de passe au bidonville-camping. Pour cette édition 2012, la tenue du pèlerin se composait d’une casquette fluo à la gloire d’un docteur, d’un poncho chasse-pêche-tradition et d’une bonne paire de godillots waterproof. L’entrée de l’aire de prière au démon de la vitesse s’élevait à 67 euros. Mais ce sésame n’ouvrait que l’enceinte générale. Toute prestation supplémentaire était payante y compris la vision extatique du cul du camion-atelier Mahindra, made in India.

Bien installé dans la boue rouge, que pouvais-je apercevoir de la piste aux étoiles ? Le jour des qualifs, j’avais vue plongeante sur une haie de parapluies surmontée d’un chapelet de photographes amateurs juchés sur les poteaux de la clôture de sécurité. Le lendemain, je me suis levé avant le meilleur des coqs sarthois pour éviter le rideau humain. Il n’empêche que certains avaient passé la nuit entre les sièges de la tribune Dunlop pour s’assurer une bonne place dans l’une des rares tribunes gratuites du Bugatti.

Entre les nuques de 90 000 lascars, j’ai pu admirer les carénages dégoulinant de logos et de pluie des orfèvres du cintre. Passée l’excitation du départ, la foule s’est dissoute dans un mutisme claustral pour suivre le spectacle ici comme à l’autre bout du circuit par écran géant interposé. Ô miracle ! les plus bigleux déchiffraient les pixels à la jumelle mais tous se taisaient, fascinés par la ronde des funambules du gravier dont les montures jetaient une nuée de notes discordantes dans l’air humide

En fait, le bord de piste est un peu comme l’arrière-boutique de l’artisan. On y voit « faire le métier ». J’ai donc vu de mes yeux vu Louis Rossi coller près de 27 secondes à ses adversaires sur la piste détrempée à l’ombre de laquelle il avait grandi. J’ai contemplé la trajectoire ciselée de Johann Zarco à la poursuite de Thomas Luthi. J’ai enfin admiré le mano-a-mano d’anthologie assuré par Rossi et Stoner pour le gain de la seconde place en catégorie MotoGP derrière un Lorenzo conquérant.

Si la télévision assure le spectacle à domicile sans autre effort que celui d’enfoncer l’opercule d’une roteuse moussue, la course se pare d’une toute autre saveur, une fois installée dans le terreau des as. Question de cheminement sans doute...

Guido du Bourdon nippon.

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