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MAMMUTH SANS DEFENSES

jeudi 22 avril 2010, par Guido

Une palette d’acteurs de renom au service d’un film surprenant qui porte le nom d’une bécane inscrite au fronton du Panthéon motocycliste, Mammuth est dans les salles obscures depuis mercredi.

A l’image de la machine mise au point par Friedel Münch en 1966, le film Mammuth est une sorte d’OVNI. Tout y est décalé. La matière même du film est sans rapport avec les standards étatsuniens à la pointe de la technologie assistée par ordinateur puisque les réalisateurs, Kerven et Delépine, ont utilisé la Super-8 et surtout la Super-16 inversible pour tourner l’Odyssée de Serge Pilardos interprété par Gérard Depardieu. Les couleurs sont criardes et le grain très présent. Les effets spéciaux et autres cascades ? Absents si l’on met de côté les deux fulgurants passages de Serge Nuques (célèbre chevalier du Groland) en complet décalage avec le rythme lent de ce long métrage attachant.

Place à l’image qui donne du sens quitte à déranger. L’anti-héros ou plutôt le héros entier de ce film est un ouvrier équarrisseur qui entame sa retraite sans aucune préparation. Brut de décoffrage et taiseux, le personnage cherche un sens à sa nouvelle vie et par delà même à son existence en se lançant à la recherche de fiches de paye perdues afin de toucher une retraite à taux plein. Cette quête qui le plonge dans son passé fait ressurgir les souvenirs douloureux d’un parcours de gagne-misère toujours à la peine, largement exploité du fait de son ignorance.

« Serge, la moto, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. »

Serge, handicapé du quotidien, est parfaitement incarné par Gérard Depardieu qui s’est mis à nu pour les besoins de cette oeuvre. Le comédien porte sur ses larges épaules cette fiction qui a le double intérêt de nous interroger sur le sens de la vie mais aussi sur la fin d’un groupe social : celui des prolétaires, masse de petites gens qui ont consacré leur existence à l’industrie sans faire de bruit. A l’heure des délocalisations massives d’emplois industriels et de la réforme annoncée des régimes de retraite, cette fresque décalée tout à la fois tendre et bête ressemble à un ultime baroud pour la défense de pachydermes bien trop naïfs.

Guido du Bourdon nippon

Lien utile :

Si vous souhaitez en savoir plus sur la Münch Mammut, consultez le site suivant : http://users.skynet.be/nsu-tt/munch.html


Voir en ligne : Article sur le film paru dans le quotidien Le Monde.

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