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Une institution .. l’Ace Café !!

lundi 7 février 2011, par Hervé

L’Ace Café à Londres est devenu une institution. Mais sans la vision et la ténacité d’un homme, son existence aurait vraiment cessé lors de sa fermeture en 1969. Mark Wilsmore s’est consacré à la réouverture du Café puis à la renaissance du mythe. Nous l’avons rencontré.

Ace Café … Londres. Le nom seul évoque les images vivaces de ce que beaucoup considèrent encore comme l’age d’or de la moto. Une époque où des jeunes en Levis et Perfecto gominaient leur banane puis tranchaient avec l’austérité des années d’après guerre d’un geste rageur de leur poignée droite.

Les Rockers des sixties qui se réunissaient dans des cafés routiers pour partager leur passion de la bécane avait un style rebelle demeuré unique.
Ce simple fait donna naissance à l’expression "Café racer" qui désignait leurs montures. Des machines de route équipées de bracelets et sauvagement allégées pour leur conférer un look inimitable en rupture complète avec le style de vie conventionnel du moment.
Et à l’épicentre de cette sous-culture marginale émergeait une baleine blanche géante : l’Ace Café sur le périphérique Nord de Londres. L’image de cette épopée demeure vivante et pour certains elle doit être perpétuée. Pour Mark entre autres. Non content de maintenir l’image et le style de vie des rockers, ce Londonien était habité par une vision. Il ferait allait faire revivre l’Ace Café.

L’Ace Café s’est ouvert en 1938. Initialement destiné à servir les routiers il devint après guerre un des lieux de réunion favori des motards. Sa renommée s’accrut avec l’influence croissante du rock n’ roll et de la moto. Les bien-pensants regardaient avec la même réprobation la moto et le rock. Et les exploits des "ton-up boys", ceux qui atteignaient le "ton" soient 100m.p.h (160km/h) ; contribuaient à entretenir la notoriété sulfureuse de l’Ace. Le temps passa et en 69 le Café ferma ses portes. Et sans Wilsmore elles seraient toujours restées fermées. Mark n’avait que deux passions : les chevaux et les motos. Son rêve de devenir jockey s’envola au terme d’une croissance généreuse et à 22 ans, il fut admis dans la police montée de Londres. S’ensuivirent dix huit années d’une carrière rêvée a ses yeux "J’allais bosser à moto, passait la journée à cheval, puis rentrais à moto pour aller assister à un concert de rock". Cette période permit aussi à Mark de se révéler comme un organisateur de talent, pour des voyages au Bol d’Or et au TT notamment. En 93, une conversation avec un Triumphiste chenu éveilla son intérêt pour la renaissance de l’Ace Café. Le motard sur sa Triumph avait participé à l’épopée initiale du Café et lui fit observer que le 25e anniversaire de la fermeture historique de Sept.69 approchait. Ils décidèrent d’une réunion pour commémorer l’événement, Mark se chargea de l’organiser, mais ses pensées s’envolèrent vite vers une réouverture de la Mecque des rockers. Les documents ne manquaient pas pour permettre une "reconstitution historique" des lieux tels qu’ils avaient été, mais cette approche fut rondement écartée. Pas question de musée pour Mark : "je voulais voir le Café vivant et animé, cette vision seule m’habitait". Les démarches préliminaires furent décevantes. Le rez-de-chaussée était devenu un magasin de pneus et les bureaux d’une autre Compagnie occupaient le premier. Au delà, aucun changement d’affectation des locaux n’était autorisable avant l’achèvement d’une vaste campagne de travaux d’aménagement du périphérique en cours. Mais rien n’arrêta Mark et au jour dit, 25 ans après la fermeture ; 12 000 personnes se retrouvèrent sur le site. Cette indication claire rassura Mark quant à la validité de son projet comme sur sa propre santé mentale !
Les réunions annuelles suivantes s’enchaînèrent, mais en 97 il fallut déménager-à Brighton-le site original ne pouvant plus suffire à l’affluence qui atteignit alors 25 000 personnes.
Ayant quitté la police en 97 après avoir chu un peu trop souvent à cheval comme à moto, et les travaux du périphérique Nord étant achevés, l’autorisation de rouvrir le Café put enfin être sollicitée. Le bâtiment fut racheté et la Compagnie occupant l’étage donna congé. Le lendemain le café fut ouvert. Même si ce n’était d’abord que les Dimanches, même si la nourriture était fournie par une baraque de frites stationnée au fond du parking . Cédant à la pression de ses amis amateurs de Hot-rods, Mark accepta aussi d’ouvrir les Mercredi soirs. Jusque-là tout allait pour le mieux.
Mais à quinze pieds sous terre, une canalisation infernale attendait son heure. Cette conduite sous pression de 1,52 m de diamètre alimente en eau tout Londres au Nord de la Tamise.
La nuit particulièrement glaciale du Samedi 6 Mars 99 les buveurs renversèrent leur thé brûlant sous le choc d’une explosion d’apocalypse. La conduite avait éclaté et il fallut 220 tonnes de remblai pour reboucher le cratère !
Mark raccompagnait un habitué à sa Triumph et quand ce dernier sauta sur son kick, ce fut tout le parking qui explosa ! Le périphérique, noyé sous 7 mètres d’eau, fut fermé exceptionnellement pour une durée sans précédent (10 jours). Le parking était désert vu le froid, personne ne fut blessé. Si cela s’était passé le lendemain Dimanche après midi il n’en n’eut pas été de même. Cet épisode critique eut néanmoins pour heureuse conséquence de provoquer enfin le départ du magasin de pneus nous rendant le rez-de-chaussée sans lequel rien n’était possible. Nous nous étions déjà rendu compte que le bâtiment était affligé de fissures, désordres attribués à des défauts d’étanchéité et des tassements dus à la rivière Brent toute proche. "Mais au vu de l’état de ce qui restait de la canalisation, il devenait évident qu’elle avait fuit pendant des lustres, provoquant l’essentiel des désordres précédemment observés."
"Je décidais donc de partir en guerre avec la très vénérable Compagnie des Eaux de la Tamise. Il avait fallu dépenser une fortune pour conforter et remettre en état notre bien, et la cause de la plupart des désordres était attribuée à la défaillance de la conduite. Je ne puis que me féliciter des diligences de notre assureur et du soutien qu’il nous apporta dans notre combat épique avec la ’Thames Water’."
Même ainsi, il fallut beaucoup d’énergie pour réunir les fonds nécessaires à la reconstruction et se battre encore pour ré ouvrir. "Beaucoup pensent que la Cie des Eaux a financé la réouverture de l’Ace, mais je suis hélas payé pour savoir qu’ils sont loin du compte."
Dés la réouverture complète en 2001, l’affaire prospéra. Aujourd’hui le Café est ouvert tous les jours, à une clientèle de curieux, comme de voyageurs et de passants. Mais les motards font battre le cœur de l’établissement, lors de ses soirées musicales avec orchestre, et ce sont des centaines de bécanes qui y stationnent les dimanches d’été. "Un gars nous a dit que venir à l’Ace était comme d’embarquer dans une machine à remonter le temps ? Nous pensâmes d’abord qu’il faisait allusion à l’esprit du lieu, mais non ; il précisa que quand il venait, chaque demi-heure passée ici lui semblait avoir duré quatre ou cinq heures ! En soi ,c’est notre plus beau compliment !"
Il y a des clients qui fréquentèrent le Café dans les sixties. Ils confessent volontiers qu’il n’a jamais été aussi grand, accueillant et couru. A l’époque en effet, l’établissement était divisé entre un restaurant et le Café, et jamais les motards ne furent admis dans la salle de restaurant.
Il est évident que Mark est ambitieux, opiniâtre et jamais à cours d’idées. Maintenant que l’Ace Café historique de Londres est fermement établi et aussi bien la distribution mondiale de produits dérivés, il projette de grandes choses.
Son objectif actuel est de promouvoir la création d’une chaîne internationale de "Rockers’Restaurant". Après tout il n’y aura jamais qu’un seul Ace Café !
Des implantations sont actuellement envisagées à Hambourg, Berlin, Manheim et Vienne ; tout comme au Royaume Uni à Brighton, Birmingham et Blackpool.

Une "Soirée Triumph" se tient le second Mercredi de chaque mois. Un prix est offert à chaque réunion, tiré au sort entre les membres présents.

Quand vous passerez au Nord de Londres, ne manquez surtout pas de faire une petite visite à l’Ace.


Voir en ligne : Le site officiel de l’Ace cafe !!

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