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L’ Altiplano, sur la route des Incas, du 21 au 31 janvier.

lundi 4 février 2013, par Maxime BARAT

Bon ben voilà, Santa Rosa c’est fini. Direction La Paz. Cette incroyable ville perchée tout là haut sur l’altiplano. En attendant, il me reste 400kmde piste et 90 de goudron.

Mes crampons mordent le ripiot. Ca vibre, ça secoue, ça glisse. C’est la piste. Je sais que ce sont les derniers moments dans la forêt. Ici pas moyen de trouver un endroit où dormir, la route n’est empruntée que par les transporteurs en tout genre qui ne s’arrêtent pas. Ca fait maintenant 3 villages qu’on me dit qu’il y a de quoi se loger dans le village suivant sans succès. Vers 21H, j’en ai marre, la conduite de nuit est dangereuse, en plus je fatigue. Je demande à une vieille dame qui sert des jus de fruits si je peux camper à côté de sa maison. Pas de soucis, je monte la tente sous l’œil amusé des enfants et rentre dans ma caverne. Le lendemain, dernière étape avant La Paz, la piste monte doucement dans les montagnes et est parfois dans un sal état.

 La conduite se fait alors souvent à gauche pour que le conducteur puisse voir où il pose ses roues par rapport au ravin tout proche. Le problème c’est qu’il manque des panneaux et comme je ne connais pas l’endroit je ne sais pas toujours s’il faut conduire à gauche ou à droite. Alors je conduis au milieu comme ça je n’ai pas tout à fait tort. Mais je me suis fait quelques frayeurs quand même. En tous cas c’est dingue ces pistes creusées dans la montagne, ça me laisse un avant goût de la Ruta de la Muerte. Mais ce ne sera pas pour aujourd’hui l’arrivée à la Paz s’est faite par la nouvelle route.

 Je suis bien malade et ça fait 150km que je suis plié en deux sur la moto. En plus de cela le soleil ne va pas tarder à se coucher alors je préfère aller au plus vite.
J’atterris finalement au Bacoo hostel où j’hiberne les deux jours suivants. Vendredi je peux enfin aller me balader.

 C’est pas encore ça mais bon je n’en peux plus de rester là même si l’auberge est top. Sur un coup de tête j’achète une carte des alentours de La Paz, de la nourriture pour 3 jours et prends un bus pour Coroico. Après 2h30 de bus, le chauffeur me dépose comme je lui ai demandé à l’entre de la piste qui va vers Chairo. L’idée, partir de 1000m à pied et monter sur l’Altiplano à près de 5000m d’altitude en empruntant la route de Choro, une ancienne voie Incas, sans guide et en autonomie. En attendant je suis au départ de cette piste, il est 22h, le prochain village est à plus d’une heure de marche. Heureusement je trouve rapidement quelques maisons et demande de camper. Un orage éclate, il pleut à l’extérieur et à l’intérieur de ma tente. Génial ! Je me réveille dans mon sac de couchage bien trempé. C’est parti pour 8h de marche entre 1000 et 2000 m d’altitude. Je mets près de 3h à parcourir les 12km qui me séparent de Chairo où débute le trek.

La vegetation est luxuriante, l’air humide et je ne suis pas au mieux de ma forme mais bien content de retrouver des coins sauvages. A midi je quitte la piste et m’enfonce dans la forêt en suivant un petit sentier. Ce chemin est en fait une vrai ligne de vie entre les quelques hameaux entretenus par les villageois.

 Chaque hameau est composé d’une ou deux maisons. Ce sont en fait des familles qui se sont installées là et n’en n’ont jamais bougé. Le soir je dors dans un abri que je squatte à Bella Vista qui porte bien son nom. Je fais tout sécher et dors au sec. En principe ce trek se fait en descente et en 3 jours, en montée c’est bien physique et je pense mettre 4 jours. Le deuxième jour, le chemin ne fait que monter et descendre. Je passe par le village de San Francisco (coucou soeurette)

 Quand je pense à tout le dénivelé qu’il me reste à faire, je vais en baver. En tous cas, ça ne change pas, des rivières, des ponts suspendus et une forêt impénétrable alors que je suis entre 2000 et 2500m d’altitude. On n’est pas trop loin de l’équateur. Sur le chemin je rencontre deux français et un bolivien, il est 14h je m’accorde donc une petite pause, qui dure et dure. Mince je suis à la bourre. Je marche à un bon rythme mais ne peut atteindre Challacapampa.

 Tan pis je dors à même le chemin à environ 2400m d’altitude. Le troisième jour ça grimpe dur dès le réveil. Parti à 7h, à 9h je suis déjà à 2900m. La végétation disparait. L’air est sec, la vue se dégage. J’adore.

Vers 11H, le chemin Incas est de plus en plus évident. C’est incroyable les traces laissées par cette civilisation. A midi je suis à Cuchura à 3700m.

 J’ai bien carburé mais je suis limité en nourriture, il faut que je ravitaille avant demain. L’ascension devient difficile, la respiration haletante, mais le paysage vaut le coup.

 Ici c’est un vrai village avec l’électricité, l’école, et même un péage pour les étrangers afin de contribuer à l’entretien du chemin. Ils sont forts ces boliviens. Finalement j’arrive à Samana Pampa à 3900 m d’altitude sur le coup des 15h. Je m’arrête là pour aujourd’hui. Le coin est idéal pour camper, la vue superbe et j’ai trouvé un vieux qui fait des sandwichs aux œufs pour le ptit dej. Le top ;) Le soir je campe un peu à l’écart du village pour être tranquille.

Je suis pile poil à 4000m d’altitude. Mardi. Le dernier jour. Plus que 850m avant le col de la Cumbre. Après 4 sandwichs aux œufs je repars tranquille. Je ménage mes efforts, profite de la vue. J’en bave un peu mais savoure cette dernière ascension. Je suis sur une route mythique en train de monter sur l’Altiplano. Je m’arrête à 4400m voir les ruines Incas qui ne sont plus que des tas de cailloux et reprends doucement. Je m’arrête régulièrement pour boire et éviter les crampes.

 A 15h, après 5h de marche je suis à 4850 d’altitude. Le temps est superbe. Je vois que le Cerro Kolini, un sommet tout proche semble facile d’accès. Je sors du chemin prends la crête contourne le sommet, serre un peu les dents car mes jambes faiblissent, et me retrouve 50 min plus tard à 4990m.

 Panorama à 360 degrés sur la Cordillera Real. A 16h j’entame la descente jusqu’à la route. 17h30 on me prend en stop jusqu’à La Paz. J’ai le sourire aux lèvres, je suis monté à pied sur l’Altiplano.


Voir en ligne : http://maxime-barat.com/l-altiplano...

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